Nicolas Revel a soufflé le chaud et le froid devant les cadres de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), réunis le week-end dernier en université d’été sur la presqu’île de Giens (Var).
Le patron de la CNAM est sorti de sa réserve à quelques mois des négociations entre l’assurance-maladie et les médecins libéraux. Ce round doit s’ouvrir au début de 2016 après les élections professionnelles du 12 octobre et l’enquête de représentativité. « Nous devons faire de la prochaine convention un instrument de modernisation des tarifs et du système de santé », a assumé Nicolas Revel.
Le patron de la CNAM a énuméré, caustique, les « nombreuses revendications » de la Confédération, citant la hausse du C, la refonte tarifaire selon la complexité des consultations ou l’extension de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), actuellement réservée aux généralistes, cardiologues et gastroentérologues. « Ces demandes sont légitimes mais nous ne pourrons pas tout financer, il nous faudra faire des choix, fixer des priorités », a-t-il asséné.
Le levier des prescriptions
Nicolas Revel a douché l’enthousiasme en rappelant le contexte de rigueur budgétaire – l’ONDAM fixé à 1,75 % pour les deux prochaines années. Le DG de la CNAM a souligné qu’un passage de la consultation de 23 à 25 euros représentait un coût annuel de 550 millions d’euros. Il a donc invité les médecins libéraux à être ambitieux et innovants dans cette future convention pour dégager des « marges de manœuvre ».
Parmi les pistes, Nicolas Revel a évoqué clairement le fait de « lier les revalorisations tarifaires à la maîtrise des volumes ». « Il y a des perspectives de prescriptions plus économes et donc des économies possibles. Elles peuvent, si elles sont au rendez-vous, conditionner des étapes (de revalorisation, NDLR). Ce sont des choses sur lesquelles nous pouvons avancer avec quelques spécialités. »
Alors que la profession privilégie le paiement à l’acte, il a expliqué que ce n’était pas « la seule réponse », encourageant à « mixer » les modes de rémunération pour financer la coordination des soins.
Pour bien se faire comprendre, Nicolas Revel a précisé qu’en dépit du blocage du C à 23 euros depuis 2011, l’ensemble des rémunérations (généralistes et spécialistes), hors charges, avaient augmenté de 9,3 % entre 2010 et 2014... La ROSP, les majorations ciblées et forfaits divers expliquent ce résultat.
« J’ai conscience que votre perception est différente car vous avez observé un alourdissement de vos charges », a admis le directeur. Il a cité les consultations longues, les motifs multiples, la prise en charge croissante de patients chroniques et les charges administratives auxquelles un médecin consacre jusqu’à « 1 h 30 par jour ».
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