Face à la douche froide de l’arrêté paru le 6 mai au « Journal officiel », l’accueil des syndicats de pharmaciens est glacial. Bien qu’opposés à toute baisse de rémunération pour la dispensation du Paxlovid, ils s’y attendaient, mais certainement pas de cette ampleur. Chaque dispensation d’une boîte de l’antiviral de Pfizer, jusqu’alors rémunérée 9,22 euros TTC, est désormais facturée 3,57 euros TTC, somme à laquelle s’ajoutent toujours les honoraires de dispensation liés à l’ordonnance, à la boîte, et le cas échéant à l’âge.
Scandalisé, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) pousse « un vrai coup de gueule » et « refuse la nouvelle rémunération fixée par le gouvernement ». Cette baisse de 60 % est « inadmissible en pleine période d’inflation alors que nous devons garantir le pouvoir d’achat de nos équipes » d’autant que la tarification initiale était insuffisante et méritait d’être revalorisée. Selon ses calculs, si le Paxlovid n’était pas issu d’un stock de l’État et que le pharmacien l’achetait, comme tous les autres médicaments, la rémunération serait de « 36 euros environ par délivrance ». Conclusion : le nouveau tarif de 3,57 euros ne représente même pas 10 % de cette somme.
Dispensation complexe
Tout aussi dépité, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), dénonce cette décision unilatérale non concertée d’une tarification imposée dont il cherche encore la logique. « Avec l’arrêt de l’utilisation de la plateforme de Pfizer, on nous enlève 5,65 euros de rémunération par spécialité délivrée. Mais pour renseigner la plateforme dédiée aux tests de dépistage du Covid, on nous rémunère 1,90 euro. Cela montre au pharmacien l’iniquité de traitement quand il s’agit de faire ou de ne pas faire. »
Or, rappellent les deux syndicalistes, la dispensation de Paxlovid est complexe et engage la responsabilité du pharmacien. Le médecin doit émettre une ordonnance de dispensation conditionnelle « subordonnée à la présentation du résultat d’un test positif sauf si le prescripteur est déjà en possession d’un tel résultat », précise l’arrêté. Et la Direction générale de la santé (DGS) exige du pharmacien une vérification des interactions médicamenteuses contre-indiquées avant toute dispensation et du respect du délai d’initiation du traitement (5 jours maximum après apparition des symptômes). Pour plus de renseignements, Philippe Besset renvoie les confrères vers le message DGS-Urgent du 5 mai dernier car « ce n’est pas le rôle du syndicat d’accompagner des mesures avec lesquelles il n’est pas d’accord ». Il demande à sortir de ce système de dispensation d’un médicament issu du stock d’État. Et donc à permettre au pharmacien d’acheter Paxlovid au grossiste pour le dispenser aux patients tout en étant correctement rémunéré.
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