Quand Marion entre dans la pharmacie, Christèle est déjà en train de fouiller dans les caisses du grossiste.
- Alors ?
- Je ne trouve rien. On nous avait pourtant dit que ce serait livré aujourd’hui, je ne suis pas folle ?, dit Christèle en s’énervant alors qu’elle ouvre la dernière caisse.
- Oui, enfin non tu n’es pas folle et oui la livraison était prévue aujourd’hui. Ce sera peut-être cet après-midi…
Marion s’interrompt en voyant sa collègue brandir une petite boîte, un grand sourire sur le visage :
- Le voici donc ce médicament si particulier qui change la vie des personnes atteintes de vascularite.
- On a l’air malignes à contempler une boîte de médicament comme si c’était le Graal.
- C’est un traitement fabuleux : un médicament orphelin pour une maladie rare. Et, si j’ose dire, nous avons l’opportunité de le délivrer, s’enthousiasme la pharmacienne.
Elle abandonne Christèle quelques minutes puis revient avec un carnet rempli de notes.
- Hier, j’ai appelé Lise, la pharmacienne de l’hôpital. Elle m’a donné pleins de détails sur ce médicament que j’ai recroisés avec l’AMM et des infos diverses. On fait le point ?
- Avec plaisir. Mais avant, tant que la pharmacie n’est pas ouverte, j’appelle Madame Jinola pour la prévenir.
Lorsque la patiente arrive dans la matinée, elle est reçue par Marion et Christèle dans un des quatre bureaux aménagés dans l’espace service de la pharmacie.
- Madame Jinola, nous avons bien reçu votre médicament. La pharmacie de l’hôpital m’a transféré une fiche pratique avec tous les conseils d’utilisation, explique la pharmacienne.
- Merci, ce sera plus facile maintenant que c’est vous qui allez me le délivrer. Je n’aurai plus à aller à l’hôpital tous les mois…
- Oui, je comprends. C’était dans le cadre d’un accès précoce.
- Depuis deux ans, confirme la patiente. Vous savez, ma maladie est rare et sans ce médicament, je ne serais certainement plus là pour vous parler. Je revis.
- Maintenant, nous allons poursuivre ce traitement ensemble. N’hésitez surtout pas à nous prévenir si quelque chose ne va pas. Nous avons pris contact avec votre médecin traitant et le centre de référence qui vous suit. Nous intégrons votre équipe, Madame Jinola, répond Christèle.
Dans son bureau, Karine profite de la pause déjeuner pour lire le journal. Elle est interrompue par un coup de téléphone.
- Christophe ? Comment vas-tu ?
- Karine, désolé de ne pas t’avoir rappelée plus tôt…
- Pas de problème Christophe. Alors ?
- Alors, la pharmacie est sauvée. ! Sauvée ! Et c’est un peu grâce à toi. J’ai suivi tes conseils : clause de sauvegarde (cf. Épisode 160), redressement judiciaire… rien de très glorieux mais on s’en est sortis. Je revis depuis quelques semaines. L’activité reprend même si c’est encore fragile. J’ai pu reprendre un adjoint à mi-temps et un préparateur.
- Bravo Christophe. J’imagine que tout cela a été éprouvant mais tu as fait les bons choix.
- Il faut ravaler sa fierté pour éviter la dégringolade. Le plus difficile, c’est de céder à la facilité, en tombant dans le piège de la fraude pour remonter son chiffre d’affaires. Mais je ne suis pas de ces pharmaciens. Bref, c’est derrière moi. Vous êtes dispo quand pour venir à la maison ?
(à suivre…)
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