À une semaine d’une énième séance de négociations sur les salaires entre syndicats de salariés et de titulaires, FO sonne l’alerte : 16 coefficients de la grille des salaires sont rattrapés par le SMIC, et il faut redonner de l’attractivité à ce métier. Dans un dialogue tendu, Force ouvrière (FO) présente ses leviers d’actions.
Avec l’augmentation du SMIC, ce sont 16 coefficients de la grille de salaires (100 à 220 inclus) qui se sont fait rattraper par le minimum salarial, qui menace aujourd’hui de « smicardisation » les préparateurs en pharmacie en début de carrière : « Un préparateur au premier coefficient (240) gagne un peu plus de 50 euros de plus en salaire mensuel net qu’un SMIC, à temps complet », calcule David Brousseau, secrétaire fédéral Officine chez Force Ouvrière (FO). Il y a donc urgence, pour le syndicat, à augmenter la valeur du point, aujourd’hui à 5,067 euros.
« Il y a une perte importante de pouvoir d’achat des salariés depuis 3 ans compte tenu de l’inflation réelle », argumente FO. Or les discussions entre la branche patronale (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France et Union des syndicats de pharmaciens d’officine) et les syndicats de salariés sont stériles depuis novembre 2023. Les syndicats de titulaires voulaient attendre les conclusions des négociations conventionnelles avec l’assurance-maladie, qui se sont finalement dénouées en juin. La dernière commission paritaire permanente de négociation et d'interprétation (CPPNI) en juillet s’est aussi soldée par un échec. À l’approche d’une prochaine rencontre entre salariés et patrons, le 16 septembre, FO pose le cadre et revendique, entre autres, une hausse du point de 6 %. « On considère aujourd’hui que c’est possible dans ce contexte », argumente Sylvia Veitl, secrétaire générale FO Pharmacie, qui souhaite surtout « réengager le dialogue sur de nombreux sujets, les salaires, l’inflation… et obtenir des engagements du patronat. Il nous faut une vision à moyen et long terme, car c’est ce que demandent les salariés. » « Ne pas augmenter les salaires est une violence inacceptable », lance David Brousseau, estimant que « la chambre patronale semble avoir perdu toute vision à moyen terme. Mais où est la reconnaissance des métiers ? ».
Dans la continuité, et pour éviter le tassement de la grille des salaires, FO propose d’instaurer un « garde-fou » entre le SMIC et le premier coefficient actuel (coefficient 100) pour « garantir un écart minimum constant entre le SMIC et le coefficient. De cette manière, le premier coefficient ne serait plus jamais rattrapé par le SMIC », explique David Brousseau. Cette grille n’étant pas attractive, un toilettage est également nécessaire. Pour les préparateurs, le syndicat propose de raccourcir la durée de passage entre deux coefficients (un ou deux ans plus vite que la durée conventionnelle) et de supprimer les premiers échelons, pour une entrée dans la grille au coefficient de 260. D’autre part, FO propose l’introduction de nouveaux coefficients entre 500 et 600 pour les pharmaciens adjoints « afin de leur offrir de véritables opportunités d’évolution de salaire et de carrière ». « Il est des secteurs qui ont fait des efforts, je ne pense pas que ce soit impossible pour les titulaires d’être moins imaginatifs », lance Sylvia Veitl.
La licence pour les préparateurs sera aussi au programme des prochaines discussions, et se rappelle au bon souvenir du ministère de la Santé qui l’a promise pour la rentrée de septembre 2025. Mais pour quel salaire ?
Au final, il s’agit d’arguments pour améliorer l’attractivité des métiers de l’officine, bien à la peine depuis plusieurs années. Selon France Travail, la pharmacie est dans le top 10 des métiers qui ont le plus de difficultés à recruter, derrière les différents métiers du bâtiment et les aides à domicile et auxiliaires de vie. « L’exaspération des salariés dans les officines commence véritablement à monter et il se pourrait que dans les mois à venir, si nous avons toujours ce blocage, nous demandions à nos adhérents, et plus largement aux salariés, de se mobiliser à travers un mouvement de grève. Nous souhaitons cependant privilégier la tentative de dialogue mais il se pourrait qu’on soit forcé d’en arriver à ce stade », annonce prudemment Sylvia Veitl.
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