Depuis la crise sanitaire, les initiations de traitements de l'HTA ont baissé de 11 %, portant à 50 % le taux d’hypertendus traités pharmacologiquement. De plus, 60 % des personnes hypertendues déclarent ne pas suivre leur traitement.
En France, 30 % de la population de plus de 18 ans souffre d’hypertension. Paradoxalement, en dépit des mesures régulières de la pression artérielle, dont au moins une prise par an pour 84 % de la population, un hypertendu sur deux n’a pas connaissance de sa pathologie. Un indicateur alarmant alors qu’au Canada, aux États-Unis et en Allemagne, plus de 80 % des hypertendus sont diagnostiqués. Ce taux est de 70 % au Portugal et en Angleterre, légèrement supérieur à la moyenne des pays développés (67 %). Le score français alerte d'autant plus que Santé publique France, à l’origine d’une étude publiée à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’hypertension le 17 mai, indique une dégradation de la prise en charge. En effet, bien que 1,6 million d’adultes initient chaque année un traitement antihypertenseur, ce nombre a diminué de 11 % depuis la crise sanitaire.
Autre alerte de Santé publique France : dans l’Hexagone, 50 % des hypertendus ne sont pas traités pharmacologiquement. Or parmi les hypertensions non traitées, 22 % sont de grade 2 ou 3, c’est-à-dire présentant respectivement une pression artérielle systolique (PAS) > 160 et/ou une pression artérielle diastolique (PAD) > 100 mmHg ou une PAS > 180 et/ou une PAD > 110 mmHg. Plus inquiétant encore, 4 millions de personnes, dépistées et traitées vivent avec une pression artérielle non contrôlée. Il est vrai que le suivi par un cardiologue demeure très marginal dans la mesure où il ne concerne que 11 % des hypertendus. Par conséquent, l’hypertension reste avant tout du domaine de la médecine générale puisque les personnes touchées consultent leur médecin traitant en moyenne 10 fois par an.
Plusieurs indicateurs émis par Santé publique France doivent interpeller les pharmaciens d’officine. Concernant les prescriptions, 60 % des hypertendus sont traités en monothérapie. Dans ce cas, près d’une personne sur cinq reçoit un bêtabloquant. Or objecte Santé publique France, « les recommandations françaises de la Haute Autorité de santé (HAS) et de la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA) précisent leur moindre efficacité par rapport aux quatre autres classes d’antihypertenseurs (inhibiteurs de l’enzyme de conversion, antagonistes de l’angiotensine II, inhibiteurs calciques et diurétiques) pour l’initiation d’un traitement en monothérapie ».
Par ailleurs, les pharmaciens sont également attendus dans leur rôle de conseil et d’accompagnement des hypertendus diagnostiqués. En effet, la quasi-totalité (93 %) des personnes qui se voient prescrire un hypertenseur émet des réserves sur le traitement au motif « qu’ils ne se sentent pas malades, n’ont pas de symptômes et n’ont pas envie de prendre un traitement à vie ». Une réticence qui se poursuit après son initiation, car quatre personnes sur dix, seulement, se déclarent observantes. 57 % des patients affirment ne pas avoir reçu de conseils hygiénodiététiques au cours de l’année tandis que moins de 60 % disposent d’un appareil d’automesure tensionnelle.
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