Le variant Alpha (ex-britannique) du Covid-19 reste dominant en France mais affiche désormais un recul, tandis que le Delta (ex-indien) augmente. Dans son dernier point épidémiologique publié le 25 juin, Santé publique France s’alarme de l’augmentation de la circulation de ce variant entre les deux dernières enquêtes flash, dont la proportion est passée de 0,8 % à 7 % à la date du 8 juin. Pour la semaine du 14 au 20 juin, cette proportion était de 10,5 %. Mais le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé mardi dernier qu'elle atteignait désormais 20 %, une hausse particulièrement rapide.
L’inquiétude a gagné un cran avec l’apparition de clusters du variant Delta, en particulier dans les Landes, où le taux d’incidence du Covid-19 est le plus élevé et en augmentation alors que le reste de la métropole affiche une baisse continue. Il semble néanmoins se stabiliser ces derniers jours, mais il se situe encore au-dessus du seuil d’alerte. C’est aussi le département qui affiche la plus forte proportion du variant Delta : 70 % des cas positifs détectés, expliquait le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, le 23 juin dernier, contre 30 % la semaine précédente. Selon l’ARS de Nouvelle-Aquitaine, le nombre de cas chez les enfants a « particulièrement contribué » à l’augmentation globale. Un cluster dans un EHPAD au nord de Dax, où 23 résidents et 6 soignants – dont 5 non-vaccinés – ont été contaminés, a poussé les autorités à brandir à nouveau le spectre de l’obligation vaccinale pour les soignants. Dimanche dernier, l’ARS déplorait le décès de deux des résidents, vaccinés mais présentant de lourdes comorbidités.
Scénario catastrophe
En plus de la situation landaise, une soixantaine de clusters au variant Delta a été détectée aux alentours de Strasbourg et plus récemment, des suspicions de cas ont été signalés dans le Gers. Sur 9 cas au total, 2 ont été confirmés par criblage. Il s’agit d’un frère et d’une sœur de 43 ans et 60 ans, décédés les 9 et 11 juin au centre hospitalier d’Auch. Tous deux présentaient des facteurs de risques et n’étaient pas vaccinés.
Si la situation continue malgré tout de s’améliorer en métropole, ce que vivent les pays comme le Royaume-Uni ou le Portugal ne laisse pas d’inquiéter. S’apprêtant à lever les dernières restrictions sanitaires liées au Covid-19, les Britanniques ont dû reculer d’un mois cette ultime étape face à la flambée des cas due au variant Delta qui a remplacé en seulement quelques semaines le variant Alpha apparu fin 2020 : il y représente 95 % des tests séquencés selon les données publiées vendredi dernier par Public Health England. Un scénario catastrophe qui pourrait se produire partout en Europe, a indiqué le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), qui prédit une prédominance sur le vieux continent à 90 % à fin août en raison d'une circulation active cet été par le biais des populations jeunes non ciblées par la vaccination. Le Portugal est déjà impacté : la proportion du variant Delta est de 51 % des cas positifs sur le territoire et grimpe à plus de 70 % dans la région de Lisbonne. La Russie subit aussi de plein fouet une flambée épidémique, marquée à Moscou et Saint-Pétersbourg où des records de décès sont enregistrés ces derniers jours. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le variant Delta circule dans au moins 85 pays. Il entraîne des flambées épidémiques, notamment en Afrique du Sud, où il est devenu dominant, mais aussi au Bangladesh ou encore en Australie.
Vaccination massive
Face à ce variant encore plus contagieux que le variant Alpha, lui-même plus contagieux que la souche historique du SARS-CoV-2, susceptible de provoquer des formes plus graves de Covid-19, voire d’entraîner un échappement vaccinal, les autorités appellent à une vaccination massive des populations à l’heure où les demandes de primo-vaccinations sont en net recul. Pour le Premier ministre, Jean Castex, c’est actuellement la seule « planche de salut », associée aux mesures barrières et à « un contact-tracing serré ». Des opérations spécifiques de dépistage et de vaccination sont proposées dans les départements concernés par des clusters, mais l’ensemble du territoire doit contribuer à améliorer la couverture vaccinale. Sans quoi, l’été sera indien. Et une 4e vague pourrait déferler à l’automne.
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