Le consensus et l'enthousiasme ont marqué, le 10 novembre, le début de ces négociations que syndicats comme assurance-maladie annoncent ambitieuses. Un premier aperçu en avait été donné par la lettre de cadrage du ministre de la santé dont les six axes jalonneront le programme des réunions de travail des trois mois à venir.
Les réflexions seront par ailleurs nourries, fait exceptionnel, par les officinaux eux-mêmes, appelés à s'exprimer sur un site participatif de l'assurance-maladie (voir page 4). Cependant, la feuille de route reprend déjà de nombreuses avancées attendues par la profession. Que ce soit dans la prévention, avec le dépistage du cancer colorectal, le suivi vaccinal ou l'information de la femme enceinte, dans le bon usage du médicament avec une révision de la ROSP génériques, la création d'une ROSP biosimilaires ou encore la détection des infections urinaires et la lutte contre les fraudes et les abus…
Pérennité du réseau
À ces évolutions concrètes s'ajouteront le déploiement du rôle du pharmacien de premier recours en cohérence avec les CPTS ou les ESP (équipes de soins primaires) et le développement des liens ville hôpital afin d'améliorer l'accès aux soins et le parcours de soins du patient. Autre point de négociation, le soutien des pharmaciens dans le virage numérique avec la mise en place de l'e-prescription, de l'appli carte Vitale ou encore de messageries sécurisées, essentielles au partage d'informations dans le cadre de délégation de tâches par exemple. Enfin, l'axe vert, désormais intégré à toutes les conventions entre l'assurance-maladie et les professionnels de santé, prévoit la gestion des déchets et des dispositifs médicaux, les livraisons de médicaments mais aussi la sensibilisation des patients aux expositions toxiques.
C'est dire si cette convention promet de balayer largement le champ de l'activité officinale. Les syndicats ne peuvent que s'en féliciter. « Nous partageons les mêmes visions sur l'évolution de la profession et du réseau. Désormais, il s'agit de se servir de la force du réseau pharmaceutique manifestée à travers ses nombreuses missions pendant la crise sanitaire pour l'inscrire dans le droit commun » déclare, à la sortie de cette première réunion, Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). « Il existe une volonté réelle de faire évoluer le métier de pharmacien au bénéfice du patient et, fait nouveau, en consultant la profession, puisque les pharmaciens sont interrogés », constate, de son côté, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Quelques ombres risquent cependant d'apparaître au tableau, comme la dispensation à l'unité (DAU), loin de faire l'unanimité dans la profession et dont il s'agira désormais de négocier les modalités. Mais le gros des négociations se concentrera sur les enjeux économiques et tout particulièrement l'évolution de la rémunération officinale (voir page 4). Le principal défi des syndicats sera d'obtenir les gages, pour les cinq ans à venir, de la pérennité économique de l'entreprise officinale. Et plus largement d'un réseau dont la valeur ajoutée pour le système de santé n'est aujourd'hui plus à prouver.
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