Le vaccin ou rien
La prépondérance du variant Delta rend désormais la vaccination complète impérative. Pour gagner cette course contre la montre et éviter à tout prix une quatrième vague, le gouvernement a assoupli sa doctrine. Les règles de la vaccination en mode estival permettent désormais l’administration de la deuxième dose sur le lieu de villégiature. Les pharmaciens des stations balnéaires s’attendent ainsi à voir déferler ces nouveaux touristes en quête du QR code libérateur. Ils pourront compter sur un approvisionnement massif en vaccin Moderna, puisque 100 000 flacons, soit 5 par officine, seront livrés chaque semaine, dès la fin juillet.
La nouvelle donne, suite à l'intervention du président de la République lundi soir, risque de provoquer un afflux de demandes de vaccination durant l'été (voir les principales mesures annoncées en page 3).
Mais il faudra attendre septembre pour que le vaccin Pfizer entre « dans le droit commun » avec un approvisionnement par les grossistes-répartiteurs. « Nous avons besoin de ces doses », lance Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), pour lequel l’officine va devenir un lieu de vaccination incontournable. « Nous allons être le moteur du processus vaccinal et vivre dès le mois d’août et en septembre la bascule en officine de ce qui se faisait jusqu’alors dans les centres », prédit-il.
La question de la troisième injection s’invitera sans aucun doute à la rentrée. Le chef de l'Etat l’a évoquée, notamment pour les personnes les plus vulnérables et celles ayant bénéficié très tôt de la vaccination. Le 8 juillet, Pfizer/BioNTech a d’ailleurs annoncé qu’il déposerait une demande d’autorisation pour une troisième dose auprès de la Food & Drug Administration (FDA) et de l’Agence européenne du médicament (EMA). Les études menées par le fabricant l’amènent en effet à préconiser une troisième dose du vaccin pour en augmenter l’efficacité.
L’automne sera donc la saison des vaccins puisque la campagne antigrippale poindra dès la mi-octobre, comme chaque année. En tout état de cause, un délai de quinze jours doit être respecté entre l’injection d’un vaccin anti-Covid et d’un vaccin antigrippal. À ce rythme, les carnets de rendez-vous vont se remplir rapidement à l’officine !
Tests sérologiques, à tout prix
« Le champ de la prévention sera celui de l’officine de demain », déclare Philippe Besset, dressant le tableau des mois à venir. Pas question donc pour les syndicats de renoncer au test sérologique avant la primo-vaccination, même si l’arrêté du 7 juillet a entériné à 2,50 euros une rémunération bien en dessous du niveau acceptable, qui pourrait décourager plus d’un officinal. « Les pharmaciens seront mieux rémunérés pour en distribuer à d’autres professionnels de santé que pour les réaliser eux-mêmes ! », déplore Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (UPSO).
Pour autant, il n’est pas question, ni pour l’USPO, ni pour la FSPF, que les pharmaciens renoncent à leur mission de santé publique et refusent d’effectuer ces tests sur les personnes qui le demandent. Ce serait en effet tenir en échec partiel la campagne vaccinale puisque ce refus pourrait détourner les candidats de la vaccination. Or l’officine doit donner des gages aux pouvoirs publics. « Si nous prouvons que l’on peut compter sur nous, nous aurons un boulevard à l’avenir pour réclamer les autres vaccins. Ce que nous réalisons aujourd’hui est un investissement pour l’avenir », estime Philippe Besset.
Tests antigéniques, la fin de l’exception française
Bien que leur tarif ait été revu à la baisse le 1er juillet, les tests antigéniques continuent d’être pratiqués assidûment à l’officine. Les pharmaciens notent cependant un rajeunissement de la population, ces tests étant désormais nécessaires pour participer à certaines activités ou pour voyager. Cependant, la fin de la prise en charge des tests dits de « complaisance », c’est-à-dire hors symptômes ou cas contact, a été annoncée par Emmanuel Macron. En effet, pas question pour les pouvoirs publics que cette pratique ne se substitue à la vaccination. Déjà, depuis le 7 juillet, toute personne ne résidant pas en France ne peut plus bénéficier de la gratuité de ces tests s’ils sont pratiqués à des fins de loisirs ou de déplacement à l’étranger.
La fin du « quoi qu’il en coûte » ?
Ces deux derniers exemples sont les premiers signes d’un certain désengagement de l’État dans la prise en charge de tous les frais liés à la lutte contre la pandémie. La France qui a jusqu’à présent fait figure d’exception dans le financement de tous ces coûts, fait ses comptes. À juste titre, comme le remarque le Dr Jean-Jacques Zambrowski, médecin et économiste de la santé (voir ci-dessous). En effet, la crise du Covid-19 a creusé davantage que prévu « le trou de la Sécu » : le coût des vaccins va s’élever à 4,6 milliards d’euros (au lieu de 1,5 milliard d’euros) et celui des tests, à 4,9 milliards d’euros (au lieu de 2 milliards)*.
Aussi la profession devra-t-elle veiller à ne pas être sanctionnée par ces nouvelles coupes qui s'avèrent inévitables. Ainsi, dans son rapport annuel de l’assurance-maladie « Charges et produits », document qui donne le ton chaque année du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), la CNAM prévoit des économies, certes moins élevées qu’avant la crise, mais qui mettent néanmoins une nouvelle fois le médicament à contribution. Sur les 490 millions d’euros d’économies sur les produits de santé, soit près de 50 % du prévisionnel, 290 millions d’euros devraient être réalisés sur les médicaments, 150 millions d’euros sur les dispositifs médicaux et 50 millions d’euros grâce à la lutte contre l’iatrogénie.
* Rapport « Charges et produits » 2021 CNAM.
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