Les pharmaciens, dans leur grande majorité, adressent une fin de non-recevoir à la dispensation à l'unité (DAU). La profession, syndicats en tête, ne considère pas cette disposition de la loi AGEC (antigaspillage économie circulaire), comme la méthode la plus adaptée pour lutter contre l'antibiorésistance. Les officinaux ne sont pas les seuls. Les industriels du médicament, princeps comme générique, rejettent la DAU.
La publication au « Journal officiel » du 2 février du décret du 31 janvier en prévoyant les différentes étapes : prélèvement dans le conditionnement initial par le pharmacien des unités de doses prescrites, nouveau conditionnement adapté, étiquetage, impression de la notice ou communication de sa forme dématérialisée, traçabilité… n'y a rien changé.
Découper du blister n'est pas la bonne méthode
« Le décret n’est pas parfaitement conforme au texte qui nous avait été soumis pour consultation », remarque Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) tandis que l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) adopte une position encore plus tranchée : « la DAU, on n'en veut pas, c'est une fausse bonne idée qui ne permettra pas d’éviter le gaspillage et de lutter contre l’antibiorésistance. » L'Union nationale des pharmacies de France (UNPF), de son côté, estime que « c’est faire peser sur le pharmacien une injonction contradictoire, celle de déconditionner pour réduire les doses délivrées, tout en assurant la sécurité des patients via la traçabilité des boîtes. Un paradoxe à l’heure où la sérialisation devient obligatoire », comme le déplore Christophe Le Gall, son président. Il rappelle également que la dispensation à l’unité accroît significativement la charge de travail des officines. « Découper les blisters n'est pas la bonne méthode », résume-t-il.
Pour Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), la DAU « est une option » mais elle souhaite que « d'autres dispositifs soient mis en place, à l'instar du TROD angine », dans le cadre de la lutte contre l’antibiorésistance. Elle affirme que d’autres textes sont attendus pour préciser les modalités d’application de la DAU. L'Ordre souhaite que des évaluations accompagnent la mise en œuvre de ce dispositif car celles réalisées lors de l'expérimentation de 2014 n'avaient pas démontré d'avantages concluants.
Si tant est qu'elles soient mises en œuvre, ces nouvelles expérimentations suffiront-elles à convaincre les pharmaciens d'adopter une activité qui reste, pour l'heure, facultative ? Pas sûr. D'autant que, comme le souligne Philippe Besset, cet acte qui requiert une nouvelle organisation et nécessite des manipulations supplémentaires ne sera pas rétribué. « Lors des négociations sur la convention pharmaceutique, l’assurance-maladie a indiqué qu’elle n’envisageait pas de rémunération spécifique à la DAU. Nous avons donc signalé qu’il nous paraissait peu vraisemblable qu’il y ait des pharmaciens volontaires », explique Philippe Besset.
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