Un outil d’aide à la décision pharmaceutique disponible en ligne concernant les maux de tête, baptisé Web PDSS, a été développé et validé par la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO). Il a fait l’objet d’une publication scientifique dans la revue « Interactive Journal of medical research » en novembre 2022.
Des patients satisfaits
Testé entre juillet et décembre 2020 dans les Hauts-de-France et en Nouvelle-Aquitaine, le logigramme a été utilisé par 38 officines préalablement formées à son usage (soit 179 personnes au sein des équipes officinales). 435 patients souffrant de maux de tête y ont répondu. Au maximum, le questionnaire comprend 15 questions et est effectué en 4 minutes ou moins. Avec son recours, 79,5 % des patients ont uniquement reçu des conseils et la délivrance d’antalgiques, 17 % ont reçu des antalgiques et ont été orientés vers les urgences et 3,5 % ont reçu des antalgiques et ont été orientés vers leur généraliste. Sur l'ensemble des 435 consultations, le paracétamol était l'analgésique le plus couramment délivré (63,2 %), suivi de l'ibuprofène (31,3 %) et de l’aspirine (5,5 %). Parmi les patients qui ont seulement reçu un antalgique, le paracétamol était à nouveau le plus fréquemment délivré (51,4 %) devant l’ibuprofène (40,2 %) et l’aspirine (8,1 %). En revanche, chez les patients orientés vers les urgences, c’est l'ibuprofène qui était plus fréquemment délivré (50 %) devant le paracétamol (40,5 %) et l’aspirine (9,5 %).
Pratique et rapide
Grégory Tempremant, président de l’URPS pharmaciens des Hauts-de-France qui a expérimenté l'outil, estime qu'il est très pratique à utiliser : « Face à une demande spontanée dans le cadre d’un mal de tête, on va pouvoir poser les bonnes questions, au bon moment, rapidement, et au comptoir. De plus, cela permet d’uniformiser le conseil de l’équipe officinale, puisque tous posent les mêmes questions - celles du logigramme. » Poser les bonnes questions, cela permet également d’identifier les « drapeaux rouges » qui exigent de réorienter la personne vers le généraliste ou les urgences. « Par exemple, si le mal de tête est inhabituel et très intense avec un score supérieur à 5, si la douleur s’aggrave, si elle dure depuis plus de 4 jours, s’il y a des symptômes associés… », cite-t-il.
Au final, tout le personnel des pharmacies a été satisfait ou très satisfait de l'utilisation de l’outil Web PDSS, et une large majorité (93,2 %) estime qu'il a amélioré la qualité des soins et a modifié l'approche de la gestion des maux de tête (64,4 %). Quant aux patients, 80,7 % ont été très satisfaits et tous se sont sentis majoritairement ou complètement rassurés. « Les patients ont vraiment l’impression que nous prenons en compte leur douleur et la manière dont ils la vivent. Ils ont apprécié la démarche de poser des questions rapides, au comptoir », commente Grégory Tempremant.
Du papier à la toile
Jusqu’alors, il existait des systèmes d'aide à la décision en pharmacie, mais le plus souvent sous forme papier. « Du coup il n’est pas toujours facile de les retrouver », relate Grégory Tempremant. Par la suite, « il serait intéressant de développer des logigrammes pour d’autres pathologies - mal de ventre, angine, crise hémorroïdaire…- et de pouvoir les consulter dans nos logiciels de gestion officinale (LGO). Mais les éditeurs de LGO semblent peu intéressés pour intégrer ces outils qui seraient si utiles à notre pratique officinale… », regrette le confrère. Autre solution : un industriel ou une société savante de pharmacie pourrait créer une plateforme pour mettre à disposition des pharmaciens divers questionnaires en ligne d’aide à la décision pharmaceutique, dans des pathologies variées. Ce qui reste un doux rêve… pour le moment.
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