Sommes d'argent promises en échange d'une attestation de test négatif, patients qui veulent un certificat de vaccination mais sans se faire vacciner… autant de dérives auxquelles sont confrontés les pharmaciens et que dénonce un officinal installé sur la Côte d'Azur.
Pharmacien à Roquebrune-Cap-Martin et président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) dans les Alpes-Maritimes, Cyril Colombani doit faire face à des patients qui tentent de contourner les règles pour obtenir leurs certificats de vaccination ou des attestations de test négatif. « Jusqu'à récemment, certains arrivaient assez facilement à falsifier eux-mêmes des attestations et des QR Code. Mais, depuis que l'attestation est intégrée à TousAntiCovid, ce n'est plus possible. Depuis une dizaine de jours, des personnes viennent en pharmacie et me demandent des choses indues. » Comme ce jour où une dame est venue pour se faire vacciner. « Elle m'a demandé discrètement si je pouvais, au moment de la vaccination, planter l'aiguille dans son pull. Elle a reconnu devant moi qu'elle voulait le certificat de vaccination mais pas recevoir le vaccin », raconte Cyril Colombani au « Quotidien du pharmacien ».
Menacé de mort il y a quelques semaines par des antivax, Cyril Colombani avait déjà évoqué une « vague d'agressivité de la part des patients et des usagers », phénomène auquel sont de plus en plus souvent confrontés les pharmaciens et les autres professionnels de santé selon lui. Alors que le pass sanitaire est exigé dans un certain nombre de lieux depuis le 9 juin, il veut désormais alerter sur l'attitude de certains individus prêts à tout pour obtenir le précieux sésame. Pour rappel, falsifier un certificat médical ou une attestation est passible d'un an de prison et de 15 000 euros d'amende.
Il y a quelques jours, Cyril Colombani a eu affaire à un homme qui lui a proposé la somme de 5 000 euros en liquide s'il acceptait de lui délivrer de fausses attestations pour lui et sa famille. Un autre jour, « un monsieur devait partir en voyage et n'avait pas le temps de venir faire un test antigénique. Il m'a proposé de me payer 500 euros pour une attestation de test négatif », ajoute-t-il. « Évidemment, je ne le fais pas et je ne le ferai jamais, car ce serait mettre la personne à qui on le fait et les autres en danger », précise Cyril Colombani, qui a également témoigné sur « France Bleu Provence-Alpes-Côte d'Azur » le 9 juin.
« Mes salariés ont été confrontés à des cas similaires, j'ai également eu des remontées identiques venant de confrères qui exercent dans d'autres régions, précise Cyril Colombani. C'est pourquoi j'estime qu'il est important de médiatiser ce problème, pour sensibiliser les pharmaciens et qu'ils coupent court à toute discussion s'ils sont confrontés à des patients qui font de telles demandes. » Le président de l'USPO dans les Alpes-Maritimes espère aussi toucher le grand public. « Ces personnes ne réalisent pas la violence psychologique de ce qu'elles demandent. Cela fait 14 mois que l'on vit une situation très compliquée et certains arrivent la bouche en cœur en nous disant "mais c'est juste un bout de papier ! ". Demander un faux à un pharmacien ce n'est pas un service, c'est de la violence », fustige Cyril Colombani.
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