Apprendre à reconnaître la douleur animale
La douleur a un impact direct sur la qualité de vie de l’animal et sur son bien-être. Elle peut affecter profondément le comportement et, par conséquent, la relation à son maître. Il est important de la reconnaître car elle ne s’exprime pas forcément par des « vocalises ». Chez le chien, la douleur arthrosique se traduit classiquement par une baisse d’activité, des difficultés de déplacement (réticence à monter les escaliers, perte de motivation pour les promenades), une altération de la posture, voire de l’agressivité. Plus subtils chez le chat, les signes de douleurs sont dominés par une diminution générale d’activité, une réduction du comportement de toilettage ou d’exploration (le chat joue et saute moins) et un comportement moins amical.
Comment gérer la douleur chronique en pratique ?
L’arthrose étant un processus dégénératif, elle ne peut être guérie. Par contre il est possible de ralentir son évolution et de soulager la douleur chronique, ou les poussées aiguës. Il est important d’être conscient que les anti-inflammatoires ne représentent pas le traitement de choix à administrer sur le long terme. En pratique ils ne doivent être administrés que sur prescription vétérinaire pour atténuer les poussées inflammatoires douloureuses.
La gestion de la douleur a pour but d’interrompre le cercle vicieux de l’arthrose : douleur articulaire → diminution de la mobilité → fonte musculaire → instabilité articulaire → inflammation articulaire → douleur articulaire… Les anti-inflammatoires n’agissent que sur une petite partie de ce cercle vicieux.
AINS et automédication : attention aux mauvais réflexes !
Alors que nous nous traitons fréquemment avec de l’aspirine ou du paracétamol, l’automédication doit être évitée chez l’animal, a fortiori lorsqu’il s’agit d’administrer des médicaments destinés à l’homme ! En effet, des effets secondaires graves peuvent survenir.
Le paracétamol doit absolument être évité en médecine vétérinaire en raison de ses effets secondaires. Il est formellement contre-indiqué chez le chat.
L’aspirine n’est utilisable que sous strict contrôle vétérinaire dans certaines pathologies très spécifiques mais jamais dans le cadre de l’arthrose. Elle présente une forte toxicité digestive et hématologique
L’ibuprofène ne doit pas non plus être administré en raison de sa toxicité digestive (les spécialités vétérinaires en contenant ont été retirées du marché).
Vous l’avez compris, si votre but était de soulager la douleur arthrosique, ce n’est pas le bon moyen !
Quels conseils donner pour soulager la douleur et ralentir l’évolution de l’arthrose ?
Pour interrompre le cercle vicieux présenté plus haut il est nécessaire d’associer plusieurs recommandations :
1- soulager le poids supporté par les articulations : il est important de mettre en place un régime pour réduire le poids de l’animal (qui, comme il bouge moins, a tendance à grossir) ;
2- maintenir la mobilité des articulations par un exercice physique régulier (mais modéré) : l’immobilité entraîne l’ankylose des articulations qui augmente la douleur. Il est donc important de stimuler l’animal pour qu’il bouge (par des jeux, de petites promenades, ou des parcours adaptés) ; cela peut être plus compliqué pour le chat, surtout de « maison » mais des petites séances de jeu de quelques minutes plusieurs fois par jour peuvent l’aider grandement.
Les méthodes de physiothérapie peuvent également s’avérer efficaces pour ralentir la fonte musculaire (balnéothérapie, massothérapie, traitement par la chaleur ou le froid…).
3- ralentir la dégénérescence cartilagineuse par des chondroprotecteurs. Administrés comme compléments alimentaires ils peuvent être utilisés comme traitement de fond (nombreuses spécialités comme Flexadin, Séraquin, Arthroplus, Hyaloral…). Toutefois bien évidemment ils ne guérissent pas l’arthrose et ne soulagent pas la douleur.
4- consulter rapidement le vétérinaire à chaque poussée douloureuse pour qu’il mette en place un traitement anti-inflammatoire adapté à l’animal. Le soulagement de la douleur est important pour sa qualité de vie et le maintien de bonnes relations homme/animal. Le vétérinaire dispose d’un arsenal thérapeutique adapté à la gestion de l’inflammation. Les AINS généralement utilisés agissent par inhibition des cyclo-oxygénases (carprofène*, kétoprofène*, l’acide tolfénamique [Tolfédine], le méloxicam* [disponible aussi en suspension buvable], le firocoxib*, le robénacoxib (Onsior). De nouveaux anti-inflammatoires sont également commercialisés comme le Grapiprant (Galliprant, antagoniste d’un récepteur clé de la PGE2, principal médiateur de la nociception) et de nouvelles approches prometteuses ont vu le jour, comme les anticorps monoclonaux canins (Librela) qui ciblent le facteur de croissance des nerfs ; l’inhibition de la signalisation par le NGF soulageant la douleur liée à l’arthrose.
Il est essentiel que ces prescriptions soient strictement suivies en évitant toute automédication risquant d’aggraver une situation déjà bien délicate.
*Nombreuses spécialités pharmaceutiques disponibles, liste non exhaustive. http://www.ircp.anmv.anses.fr/search.aspx
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