Selon une enquête menée auprès de 300 médecins, infirmiers et pharmaciens libéraux franciliens, les professionnels de santé sont peu enclins à proposer un sevrage ou accompagner les plus âgés dans cette démarche.
En France, le tabagisme connaît une baisse, sauf chez les 65-75 ans dont la prévalence demeure autour de 10 %. Or c’est l’une des principales causes de morbimortalité à cet âge. D’où l’intérêt d’entamer un sevrage tabagique même chez les plus âgés. Cependant, selon une étude menée auprès de 300 médecins, infirmiers et pharmaciens libéraux franciliens et publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire », moins de la moitié des professionnels de santé d’Île-de-France interrogent leurs patients de plus de 65 ans sur leur statut tabagique, un tiers le renseignerait dans le dossier médical du patient et à peine plus de la moitié des professionnels de santé disent apporter un soutien aux personnes âgées qui entament une démarche de sevrage. « Cela représente autant d’occasions ratées de sortir du tabagisme. Car, contrairement à une idée répandue, y compris parmi les répondants à cette enquête, le sevrage n’est pas plus difficile passé 65 ans », avance Sarah Mir (Hôpital de Garches), auteur principal de l'étude. Néanmoins, il est perçu comme plus compliqué et relevant de spécialistes par 61 % des professionnels de santé.
L’enquête montre également que les professionnels de santé d’Île-de-France ont de bonnes connaissances sur la prise en charge tabagique, considérée comme faisant partie de leur mission. Ils savent que « le tabagisme peut ralentir la guérison des plaies », « accélérer le déclin cognitif des seniors », « être responsable de sérieuses complications chez le diabétique ». Ils savent également « qu’il n’y a pas de risque à proposer une substitution nicotinique à une personne âgée » et même qu’un « bref conseil de sevrage tabagique n’est pas moins efficace qu’un conseil plus intensif ». Mais au final, si leurs connaissances sont au rendez-vous, ils semblent manquer de confiance en leurs capacités à gérer cette prise en charge. « Ce sentiment de difficulté est majoré par une forme de fatalisme du tabagisme de la personne âgée, voire une volonté de ne pas s’engager au motif que fumer ferait partie des derniers plaisirs », suggère le BEH. Or, il n’en est rien. « À ce fatalisme, on peut opposer l’amélioration de la qualité de vie, et cela même avec l’avancée en âge », soutient Sarah Mir.
Dans l’enquête, les auteurs ont observé des attitudes plus adaptées et de meilleures pratiques chez les professionnels de santé qui étaient formés (moins du quart des répondants a suivi une formation). « Ce résultat montre l’intérêt de la formation continue », analysent les auteurs. D'ailleurs, pour eux, c’est par la formation - initiale et continue - que l’on pourra changer les représentations des professionnels de santé, ouvrant vers de meilleures attitudes et pratiques dans la prise en charge du tabagisme chez le senior.
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