Trois ans après le début de l’étude clinique inédite en Europe, lancée à l’Institut universitaire du cancer de Toulouse (IUCT Oncopole) pour tester un vaccin personnalisé contre les récidives de cancers ORL, tous les espoirs sont permis. « Globalement, les 16 patients vaccinés à travers le monde – dont sept à Toulouse - au cours de la phase 1, vont bien. Aucun d’entre eux n’a rechuté après un délai médian de 18 mois et c’est une excellente nouvelle car dans ce type de cancers, 80 % des rechutes sont observées dans les deux ans », se réjouit le Pr Jean-Pierre Delord, le directeur général de l’IUCT Oncopole et coordonnateur de l’étude. « Cela classe ce vaccin dans les 10 % de nouveaux traitements prometteurs contre le cancer dans le monde », estime-t-il.
Compte tenu des délais d’inclusion et du protocole au long cours, certains patients ont reçu l’injection il y a trois ans, d’autres il y a deux ans, d’autres encore, il y a dix-huit mois, c’est pourquoi les médecins considèrent aujourd’hui qu’ils disposent d’un recul médian de 18 mois. À l’inverse, trois des seize patients du bras de contrôle (qui n’avaient pas été vaccinés) ont rechuté.
Élargir l’échantillon et atteindre la guérison
Mis au point par la biotech française Transgene, le vaccin TG 4050 est basé sur l’immunothérapie ; il a été proposé exclusivement à des patients atteints d’un carcinome épidermoïde ORL, hors tumeurs rares ou liées au papillomavirus. Ils ont d’abord été opérés, puis soignés par radiothérapie, parfois associée à une chimiothérapie pendant trois mois, avant d’être vaccinés.
Ce vaccin personnalisé, mis au point à partir d’un séquençage de chaque tumeur, permet à l’aide de l’intelligence artificielle, de cibler 30 antigènes tumoraux. « L’objectif a été atteint puisque quinze des seize patients vaccinés, ont développé une réponse immunitaire qui était toujours détectable sept mois après le début de la vaccination », précise le Dr Victor Sarradin, oncologue médical du comité ORL.
Le 2 mai dernier, la phase 2 de l’étude a officiellement débuté avec l’inclusion d’un premier patient à Toulouse. L’objectif principal est d’augmenter l’échantillon à 46 patients (23 dans chaque bras), dont 10 à 15 à Toulouse, grâce à la participation de dix centres* dans le monde pour confirmer l’efficacité immunitaire du vaccin. « C’est-à-dire faire la preuve que les patients vaccinés sont finalement guéris », avance le Pr Delord. Dans cette deuxième phase, les médecins chercheront aussi à valider une seconde hypothèse en cas de rechute : vérifier si le vaccin peut aider à traiter la récidive en complément des traitements habituels. Enfin, des prélèvements biologiques effectués sur les nouveaux patients permettront d’élargir le spectre des antigènes tumoraux ciblés et ainsi d’améliorer l’efficacité du vaccin.
*L’essai clinique de la phase 2 du vaccin TG 4050 inclut les centres suivants : Mayo Clinic (États-Unis) ; Liverpool, Southampton, Bebington et Cardiff (Royaume Uni) ; l’Institut Curie, l’IUCT Oncopole, le CHU de Bordeaux, l’AP-HM et Gustave Roussy (France)
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