Les auteurs de l'université d'Oxford ont mené leur travail à partir des données de 155 000 patients issus de 23 études randomisées, comparant statines et placebo (seules des études d'au moins 1 000 patients et avec un suivi d'au moins 2 ans ont été retenues).
Il existe cependant une augmentation du risque de myalgie chez les patients sous statines, mais ce dernier ne se manifeste en général qu'au cours de la première année de traitement. Passé ce délai, le surrisque n'est plus statistiquement significatif.
Un surrisque de 7 %
Les chercheurs ont comparé les taux de survenue de symptômes chez les patients sous statines et chez ceux des groupes placebo. Dans 19 études, et sur une période de suivi moyenne de 4 ans, 27,1 % des patients sous statines ont signalé des douleurs musculaires, contre 26,6 % des patients sous placebo. Au cours de la première année de traitement, le surrisque de myalgies ou de faiblesse musculaire associé aux statines était de 7 %. Les auteurs ont calculé que les statines ne pouvaient être incriminées que dans un cas de myalgies sur 15. Au-delà de la première année de traitement, il n'y avait plus de surrisque significatif de douleurs ou de faiblesse dans les groupes sous statines.
En se concentrant sur les quatre dernières études, où l'on comparait des patients recevant de hautes doses de statines à d'autres sous placebo, les auteurs ont mis en évidence un effet dose-dépendant peu clair. Au cours de la première année, les traitements de haute intensité étaient associés à un risque de 11 % de myalgies, contre 6 % dans le groupe placebo, une différence plus large que dans les autres études.
Les données suggèrent aussi que le surrisque persisterait au-delà de la première année chez les patients traités avec des hautes doses de statines, mais la méta-analyse manquait de puissance statistique pour confirmer cette tendance.
Explorer les autres causes… à condition de les connaître
Sur la base de ces résultats, les auteurs proposent une révision des stratégies recommandées pour prendre en charge les myalgies chez les patients sous statines. « Ces résultats suggèrent qu'en cas de douleurs musculaires, le premier réflexe est de considérer que les statines ne sont pas responsables, affirme le Pr Colin Baigent, directeur du conseil de recherche sur la santé des populations à l'université d'Oxford. Le traitement doit donc être poursuivi, jusqu’à ce que toutes les autres causes possibles aient été écartées. »
Concernant les limites de leur étude, les chercheurs reconnaissent un manque de données fiables sur le risque en vie réelle d'arrêt de traitement causé par de tels effets secondaires. Ensuite, ils ne disposent pas non plus d'information sur les comorbidités ou traitements qui pourraient également entraîner de tels symptômes, et qui sont donc à écarter pour conclure à un effet des statines.
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