Alors que la Journée mondiale consacrée à la maladie d'Alzheimer* a lieu samedi prochain, 21 septembre, le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer, décidé il y a plus d'un an, continue de diviser les médecins.
Depuis le 1er juin 2018, les traitements de la maladie d'Alzheimer ne sont plus remboursés. En effet, les experts de la Haute Autorité de santé (HAS) ont estimé insuffisant le service médical rendu par les quatre références sur le marché (Aricept, Réminyl, Ebixa, Exelon), et ont pointé du doigt des événements indésirables observés chez certains patients. Cette décision a été à la fois saluée par certains acteurs du monde médical et vivement contestée par d'autres. Ainsi, le Pr Marie Sarazin, neurologue à l'hôpital Sainte-Anne à Paris, estime qu'« aucun signalement de pharmacovigilance n'a été rapporté, ni aucun effet indésirable significatif, dans les essais menés chez les malades à risque vasculaire ». La neurologue regrette que les résultats des essais thérapeutiques, « malgré les limites des échelles utilisées », n'aient pas vraiment pesé dans la balance. « Ils étaient pourtant positifs, c'est un argument qui plaide pour le traitement et non l'inverse », observe-t-elle.
Les médecins favorables au déremboursement, à l'image du Pr Laurent Letrillart, préfèrent aux médicaments l'usage de mesures de prévention et « la limitation des facteurs de risque ». En l'absence de traitement curatif, « les facteurs nutritionnels, la pratique d'activités intellectuelles et les interactions sociales » doivent faire l'objet d'une plus grande attention, tout comme « les prescriptions à risque iatrogénique ». Il préconise ainsi le « recours ambulatoire à des compétences variées (ergothérapeute, kinésithérapie…), à des services relais (comme les accueils de jour) et au développement de certains soins spécifiques (aromathérapie, musicothérapie…) ».
Toutefois, en dépit du déremboursement, « les malades qui peuvent en supporter le coût, continuent de prendre des médicaments », affirme le Pr Sarazin, notamment car « le risque d'aggravation clinique n'est pas anecdotique en cas d'arrêt thérapeutique ». Loin d'être clos, le débat pourrait être relancé par le Conseil d'État, qui doit répondre à un recours déposé, en juillet 2018, par l'association France Alzheimer et plusieurs sociétés savantes.
* Du 20 au 22 septembre, le Village Alzheimer propose des conférences et des ateliers place de la Bataille-de-Stalingrad à Paris.
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