« Le vitiligo, qui correspond à une dépigmentation plus ou moins importante du fait de la disparition des mélanocytes cutanés, est une maladie auto-immune avec une discrète composante inflammatoire, sans prurit et avec très peu de rougeur » rappelle le Pr Khaled Ezzedine (hôpital Henri Mondor, Créteil).
« Dès la première consultation, il est important d’identifier les éventuels antécédents personnels et familiaux de pathologies liées à l’auto-immunité, de rechercher une possible thyroïdite auto-immune* associée, souvent méconnue, de déterminer le degré d’activité de la maladie et de mesurer le retentissement de celle-ci sur le patient », poursuit le Pr Ezzedine.
Les anti-JAK en vedette
L’on sait aujourd’hui que chaque étape du vitiligo (initiation, progression, dépigmentation, repigmentation) est sous l’influence de voies de signalisation spécifiques mobilisant des cytokines différentes, représentant autant de points d’impact potentiels pour le développement de médicaments. « L’histoire a commencé avec des inhibiteurs de janus kinases par voie orale, une classe pharmacologique utilisée depuis une dizaine d’années dans diverses pathologies inflammatoires chroniques », détaille le Pr Ezzedine. Un premier cas d’amélioration d’un vitiligo avec le tofacitinib, un anti-JAK 3, a été publié en 2015, avec, à 2 mois, une repigmentation partielle du visage et à 5 mois une repigmentation presque complète du front et des mains. Un deuxième cas, complètement dépigmenté au début de l’essai, traité cette fois par le ruxolitinib, un anti-JAK 1, a bénéficié d’une repigmentation presque complète du visage à 20 semaines… suivie d’une reprise de la dépigmentation à l’arrêt du traitement.
Ces premiers résultats encourageants ont incité l’industrie pharmaceutique à s’intéresser à cette pathologie et à cette approche novatrice. Des essais de phase 2 (ritlecitinib, tofacitinib, upadacitinib, povorcitinib), contre placebo, ont confirmé une repigmentation de l’ordre de 30 %, cela avec une tolérance similaire à celle du placebo (seulement 50 % de repigmentation chez moins de 30 % des patients avec la photothérapie UV classique).
Par ailleurs, les anti-JAK topiques viennent d’ouvrir des perspectives encore plus intéressantes. En effet, une crème dosée à 1,5 % de ruxolitinib a entraîné, à raison de deux applications par jour, plus de 75 % de repigmentation du visage chez 50 % des patients et plus de 90 % chez 30 % des sujets. Sans association à la photothérapie qui devrait logiquement améliorer encore davantage les résultats. Cette crème (Opzelura) a bénéficié d’une AMM européenne en avril dernier et devrait être commercialisée prochainement en France.
Les agonistes de la voie WNT et les anti-CXCR3 promettent par ailleurs de traiter efficacement les zones résistantes comme les mains et les pieds, obtenir des repigmentations prolongées et éviter les rechutes dans le cadre d’un traitement d’entretien.
*Type thyroïdite d’Hashimoto
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