CURIEUX phénomène que ces guevedoces (« pénis à 12 ans ») (machihembras = « femme puis homme »), ces garçons ressemblant à des filles, privés d’organes génitaux externes, se virilisant à la puberté lorsque leurs testicules migrent dans les bourses, que leur verge apparaît puis se développe comme leur pilosité ! On doit à Julianne Imperato-McGinley, endocrinologue à l’université Cornell, l’explication de ce pseudohermaphroditisme constituant quelque 2 % des naissances au sein d’une population isolée du sud-ouest de la République Dominicaine : elle montra en 1974 qu’il résultait d’un déficit constitutif en 5-alpha-réductase, l’enzyme permettant la transformation de la testostérone en dihydrotestostérone (DHT).
Du testicule à la prostate : deux siècles de voyage. Cette découverte vint conclure deux siècles d’observations ayant progressivement conforté les relations entre testicules et prostate. Ce lien fut suggéré dès 1786 par un chirurgien écossais, John Hunter (1728-1793), lorsqu’il décrivit les effets de la castration sur la prostate du taureau. En 1849, le physiologiste allemand Arnold Adolph Berthold (1801-1863) établit l’existence de liens humoraux entre gonades et tissus-cibles. Il fallut attendre encore presque un siècle avant de voir la testostérone isolée puis synthétisée par le biochimiste Adolf Butenandt (1901-1995) en Allemagne et par le chimiste Lavoslav Ruzicka (1887-1976) en Suisse (qui partagèrent le Prix Nobel de chimie 1939). Le physiologiste et urologue américain Charles B. Huggins (1901-1997, Prix Nobel de médecine 1966) montra en 1941, avec deux étudiants, William W. Scott et Clarence V. Hodges, qu’une imprégnation androgénique favorisait le cancer de la prostate (qu’il traita par orchidectomie et administration d’estrogènes), et que l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) était, de même, contrôlée par les androgènes testiculaires.
Le rôle de la DHT dans l’action androgénique fut prouvé par Jean D. Wilson (Texas) en 1968. Finalement, les guevedoces présentant un déficit congénital en 5-alpha-réductase de type 2 (prédominant dans la prostate) et un taux de DHT effondré, permirent de confirmer l’impact d’un déficit en 5-alpha-réductase sur la prostate : elle restait minuscule, constituée de tissu stromal, le taux de PSA demeurait indétectable, la testostéronémie était normale.
L’idée vint alors de concevoir des inhibiteurs de cet enzyme pour traiter l’HBP. Le laboratoire Merck lança un programme de développement à Rahway (New Jersey) et une molécule émergea parmi de nombreux candidats : le MK-906, testé sur l’homme en 1986. Devenu le finastéride (Chibro-Proscar), il fut commercialisé dans le traitement de l’HBP et dans celui de l’alopécie androgénétique liée à l’imprégnation par la DHT.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques