DES ÉTUDES sur des jumeaux ont mis en évidence de manière répétée que près de la moitié de la vulnérabilité à la schizophrénie est d’origine génétique. Cependant, il n’a pas été possible d’identifier des variants génétiques sous-tendant cette vulnérabilité. « Il n’y a pas de gènes spécifiques de telle ou telle maladie psychotique, une même structure cérébrale peut être impliquée dans plusieurs pathologies et plusieurs gènes interagissent avec des facteurs environnementaux », souligne Stéphane Jamain, chargé de recherches INSERM. Cette notion d’interactions entre les gènes et l’environnement traduit le fait que les gènes qui influent le risque de développer une schizophrénie ne le font pas directement, mais indirectement, rendant certains individus plus sensibles aux effets des facteurs de risque environnementaux.
Pour parvenir à identifier les causes des troubles psychotiques, en particulier dans la schizophrénie, il est donc nécessaire de réunir dans un seul et unique projet, les scientifiques qui travaillent sur les deux facteurs. C’est l’objectif du septième programme-cadre de la communauté européenne qui vient de lancer le projet EUxGEI, avec le soutien de la fondation FondaMental, créé en 2007, et qui fédère sur l’ensemble du territoire, psychiatres et chercheurs de haut niveau appartenant à plus de soixante laboratoires de recherche et services hospitaliers. Cette étude, qui a commencé début juin, sera mise en place dans deux régions françaises aux caractéristiques très différentes : l’une urbaine, la région du Val de Marne, autour de Créteil, et l’autre rurale, le Puy de Dôme. L’impact des facteurs environnementaux sera mesuré pour la première fois en France et comparé à des données venant de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, d’Italie, et d’Espagne. Une autre étude, réalisée sur les mêmes populations, permettra de mesurer la prévalence de la schizophrénie et d’étudier le rôle des variables environnementales en tant que facteurs modificateurs.
La France comble son retard.
Les facteurs environnementaux sont à l’origine d’une part importante de ces troubles et influencent leur évolution. Les identifier, connaître leurs mécanismes d’action, permettrait de mettre en place des mesures de prévention individuelles ou collectives et de diminuer le risque d’apparition de la maladie, sa sévérité et son pronostic. Plusieurs de ces facteurs sont connus, mais ils n’ont jamais fait l’objet d’études systématiques en France. Les sujets de recherche vont porter en priorité sur l’urbanicité, la migration et la consommation de cannabis. « De fait, plusieurs études montrent que les enfants qui grandissent dans les villes ont un risque deux fois plus élevé de développer une schizophrénie que ceux élevés en milieu rural, et 25 % des cas de schizophrénie sont expliqués par l’urbanicité, rapporte le Dr Andrei Szoke, qui coordonne l’étude française au CHU de Créteil. En outre, il a été clairement démontré que les populations de migrants arrivant en Europe ont aussi un risque plus élevé que leur population d’origine et que les populations qui les accueillent. Enfin, la schizophrénie constitue l’un des risques liés à l’usage du cannabis et tout particulièrement à fortes doses chez les adolescents. » Par ailleurs, de nombreuses recherches ont établi un lien entre traumatisme durant l’enfance et survenue ultérieur de troubles psychotiques. Or près de 15 % de la population en Europe a été victime de maltraitance ou de négligence pendant l’enfance.
Pour l’instant beaucoup de questions restent sans réponses ; on ne connaît pas les facteurs directement impliqués et les mécanismes d’action des facteurs de risque ne sont pas toujours identifiés. Des études complémentaires mesureront les variables environnementales non disponibles actuellement (capital social, qualité de l’environnement construit, discrimination ressentie…), ainsi que des marqueurs diagnostiques de vulnérabilité, afin de développer des outils thérapeutiques performants (psychoéducation, médicaments…).
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques