Les dégâts causés par une confiance aveugle dans les réseaux sociaux trouvent chaque jour de nouvelles illustrations. Mais c’est peut-être dans le domaine des conseils en santé que nous, pauvres potards, sommes le plus chatouilleux… Aussi je ne résiste pas à l’envie de vous rapporter cette dernière « toquade TiKTok » véhiculée outre-Atlantique par nos cousins canadiens. Depuis quelque temps, les Québécoises s‘échangent un nouveau « truc » censé favoriser la survenue de la grossesse. De nombreuses internautes vantent ainsi les mérites d'un médicament traditionnellement utilisé pour traiter le rhume : le Mucinex. Ne cherchez pas dans votre Vidal, cette présentation de guaïfénésine n’existe pas chez nous… mais vous trouverez le principe actif aux vertus prétendument miraculeuses dans plusieurs spécialités parmi lesquelles Pulmofluide simple ou Vicks expectorant à la guaïfénésine… Le détournement d’indication de ce fluidifiant plutôt dédié aux rhumes et toux grasses qu’à la procréation, vient en fait d’assez loin. Dans un article publié en 1982 dans la revue Fertility and Sterility, des chercheurs affirment avoir démontré que le Mucinex (guaïfénésine) permettait non seulement de fluidifier les muqueuses nasales, mais aussi les muqueuses du col de l'utérus… donc de remédier à certaines infertilités liées à un défaut de la glaire. Si cette glaire cervicale est trop abondante ou épaisse, elle peut en effet empêcher les spermatozoïdes d'atteindre l'ovule. L'idée est donc qu'en prenant Mucinex, l’utilisatrice fluidifie sa glaire cervicale et facilite l'accès des spermatozoïdes à l'ovule. C.Q.F.D. Problème, la méthodologie de l’étude serait hautement contestable. N’empêche, le conseil a enjambé les décennies. Et l’avertissement de Reckitt, fabricant du produit : « Mucinex ne doit être utilisé que conformément aux instructions figurant sur l’étiquette. Son utilisation pour traiter l’infertilité constitue une utilisation hors indication », semble bien peu peser. Le sirop détourné continue jusqu’à nos jours d’inonder les réseaux sociaux de ses promesses de fécondité.
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TiKTok thérapie
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Publié le 14/11/2024
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien
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