L’UN DES PROBLÈMES majeurs touchant l’hépatite C est que bon nombre de personnes ignorent qu’elles sont infectées. Tel est le « paradoxe français de l’hépatite C » dénoncé par le Pr Patrick Marcellin (chef du service Hépatogastroentérologie, Hôpital Beaujon, Paris). En effet, l’hépatite C toucherait en France environ 300 000 personnes. Parmi elles, 100 000 le savent et sont traitées, 100 000 le savent mais ne sont pas prises en charge et 100 000 ne le savent pas. On peut parler d’épidémie silencieuse car l’infection peut persister pendant des années sans symptômes. Le premier problème à résoudre est donc celui du dépistage. Jusqu’à présent, le dépistage était ciblé vers les groupes à risque (utilisateurs de drogues IV, homosexuels, HIV +). « Aujourd’hui, nous arrivons au bout de cette stratégie, nous avons dépisté la plupart de ces malades et il faut toucher tous les autres qui s’ignorent. Pour cela, il faudrait un dépistage systématique : que tout le monde fasse un test au moins une fois dans sa vie », souligne le Pr Patrick Marcellin. Ce test pourrait d’ailleurs être couplé à celui du dépistage de l’hépatite B et du VIH. « Être dépisté, c’est pouvoir être guéri. Il serait scandaleux de ne pas pouvoir donner cette chance à un patient. » Le dépistage systématique a certes un coût, mais il serait « rentable » si l’on considère que l’hépatite C est aujourd’hui la première cause de transplantation hépatique et la première cause de cancer du foie.
2014, année charnière.
Que de progrès accomplis depuis la découverte du virus, en 1989. Le seul traitement disponible a tout d’abord été l’interféron alpha (en injection trois fois par semaine) avec des taux de guérison de l’ordre de 10 % seulement et des effets indésirables parfois sévères… Actuellement, le traitement de référence combine l’interféron « pégylé » et la ribavirine pendant 24 semaines. Les inhibiteurs de protéase associés à cette combinaison permettent d’augmenter les taux de guérison pour les patients porteurs du virus de génotype 1 (50 % des cas en France). Cette triple combinaison est cependant associée à de nombreux effets secondaires. Récemment, le sofosbuvir (Solvadi) du Laboratoire Gilead, premier inhibiteur nucléotidique de la polymérase du VHC, administré par voie orale, a obtenu une AMM. Ce nouveau traitement permet d’obtenir un taux de guérison supérieur à 90 % après 12 semaines de traitement seulement et avec une bonne tolérance. Solvadi est le premier traitement qui offre une option sans interféron ce qui permet ainsi d’éviter des effets secondaires particulièrement pénibles pour les patients. Deux autres molécules, le simeprevir, un inhibiteur de protéase, et le daclatasevir, sont actuellement disponibles en ATU. Elles devraient obtenir leur AMM prochainement.
Ces taux de guérison très importants annoncent-ils la fin de l’hépatite C ? Pas encore… « Nous obtenons une guérison virologique, c’est-à-dire l’élimination définitive du virus de l’organisme, mais cela ne se traduit pas forcément par la régression de la cirrhose », explique le Pr Philippe Sogni (service d’hépatologie, Hôpital Cochin, Paris). La question se pose donc de savoir à quel stade de la maladie faut-il traiter les patients, pourquoi attendre… Pour le moment, le sofosbuvir est indiqué pour le traitement des patients atteints d’hépatite C chronique à un stade avancé et pour lesquels il n’existe pas d’alternative thérapeutique appropriée. Par ailleurs, l’accès à ces nouveaux traitements très coûteux reste un enjeu majeur. Des efforts importants devront être accomplis dans le parcours de soins pour permettre à tous un égal accès aux traitements.
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