Les travaux menés en collaboration avec le CHR d’Orléans, l’AP-HP, KU Leuven (Université catholique de Louvain) et Université Paris Cité avaient pour but d'analyser la sensibilité des variants Omicron BA.1 et BA.2 à neuf anticorps monoclonaux, dont Evusheld et aussi Ronapreve (casirivimab/imdevimab) qui n'est plus recommandé contre Omicron.
Différences entre BA.1 et BA.2
Dans un premier temps, les scientifiques ont étudié la sensibilité des sous-lignées Omicron BA.1 et BA.2 aux anticorps monoclonaux thérapeutiques dans un système de culture cellulaire. Ensuite, ils ont examiné l'efficacité de la prophylaxie pré-exposition entre 3 et 30 jours après l'administration chez 29 personnes immunodéprimées à risque traités par Ronapreve et/ou Evusheld : ils ont d'abord décrit l'activité neutralisante in vitro à partir de sérums prélevés, puis en analysant l'évolution clinique.
Tous les patients traités présentaient des taux élevés d'anticorps, qui neutralisaient efficacement Delta. En revanche, la sensibilité thérapeutique était différente selon les sous-lignées d’Omicron et selon les bithérapies administrées. Les sérums de patients traités par Ronapreve ne neutralisaient pas BA.1 et faiblement BA.2. Pour les 29 patients ayant reçu Evusheld, une neutralisation était constatée pour 19 d'entre eux contre BA.1 et pour les 29 contre BA.2.
« Nous montrons que les anticorps et les sérums correspondants sont peu ou pas actifs contre BA.1, mais sont plus actifs contre BA.2. Par rapport à Delta, l’activité neutralisante est plus sévèrement diminuée contre BA.1 : il faut 344 fois plus d’anticorps pour neutraliser BA.1, et 9 fois plus pour neutraliser BA.2 », explique Timothée Bruel, premier auteur de l’étude et chercheur au sein de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur (unité mixte de recherche CNRS).
Une protection incomplète
En outre, quatre infections à Omicron ont été décrites parmi les 29 patients traités par anticorps (dont un cas sévère). « Cela indique que, dans ce cas, le traitement ne protège pas complètement ni contre l’infection, ni contre les formes sévères », explique Thierry Prazuck, co-auteur principal de l’étude et chef du service maladies infectieuses au CHR d'Orléans.
« Il s'agit à notre connaissance de la première étude décrivant directement la séro-neutralisation d'individus traités par anticorps monoclonaux contre Delta, BA.1 et BA.2 et reliant les résultats à des infections. BA.1, et dans une moindre mesure BA.2, est moins sensible à Evusheld et Ronapreve que Delta. L’efficacité clinique de ces traitements contre l’infection Omicron est donc probablement moins bonne que contre Delta », commente Olivier Schwartz, auteur principal de l’étude et responsable de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur.
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