Un médecin généraliste sur deux déclare avoir été confronté, au cours des trois derniers mois, à des problèmes d’antibiorésistance au sein de sa patientèle, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).
L'étude a été menée entre le 23 avril et le 16 juillet 2021 auprès de 3 300 généralistes. La quasi-totalité (96 %) des sondés déclare être confrontée à des patients leur demandant un traitement antibiotique lors d’une infection virale (parfois : 53 % , fréquemment : 43 %), quand bien même ces médicaments permettent uniquement de soigner des infections bactériennes. Et 82 % expriment des difficultés à refuser un antibiotique à ces patients qui leur en demandent. Ils sont également 40 % à prescrire un antibiotique à des patients n'en ayant peut-être pas besoin.
Par ailleurs, 18 % préfèrent prescrire un antibiotique par crainte de conséquences médico-légales s’ils n’en prescrivent pas. Un pourcentage qui s’élève à 23 % chez ceux exerçant en zone de sous-densité médicale.
Vis-à-vis des pratiques de prescription, 68 % des sondés déclarent atteindre l'objectif cible fixé par l’assurance-maladie sur l’antibiothérapie, qui est de ne prescrire des antibiotiques que dans 20 % des cas ou moins aux patients de 16 à 65 ans sans affection de longue durée et dont ils sont le médecin traitant. Le pourcentage est plus élevé chez les praticiens ayant le volume d’activité le plus faible (85 %, contre 82 % pour ceux ayant un volume d’activité intermédiaire et 63 % pour ceux ayant le volume d’activité le plus élevé).
Rappelons que la France connaît une forte consommation d'antibiotiques, d'un tiers supérieur à la moyenne européenne, malgré une baisse spectaculaire pendant la pandémie de Covid. Le mésusage des antibiotiques, issu de leur prescription trop fréquente ou inutile, entraîne une augmentation des résistances bactériennes à ces médicaments, réduisant ainsi leur efficacité. L’Organisation mondiale de la santé a identifié l’antibiorésistance comme l’une des menaces les plus sérieuses pour la santé publique.
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Christelle Degrelle