L'éteignoir sous lequel le Covid a placé la tuberculose pendant ces deux dernières années n'a pas empêché cette dernière pathologie de progresser dans le monde. Voire de redoubler de virulence face à la réduction des moyens accordés à sa lutte.
Remisée au second plan des préoccupations sanitaires pendant l'épidémie de Covid, la tuberculose a gagné du terrain à travers le monde. Au point d'être responsable, désormais, de la mort de 4 109 personnes chaque jour. À titre de comparaison, on recense en moyenne 1 450 personnes décédées du Covid par jour. Ces statistiques sont diffusées par l'association TB Alliance, dont la mission est de distribuer des médicaments plus efficaces et moins chers contre la tuberculose, notamment dans les pays pauvres.
TB alliance actionne à nouveau la sonnette d'alarme à l'intention des pouvoirs publics. Le Dr Mel Spigelman, son président, salue « l'extraordinaire mobilisation contre le Covid-19 qui, en deux ans, a permis de se doter d'un arsenal de tests, de vaccins et de traitements », mais il ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec les moyens mis en œuvre dans la lutte contre la tuberculose, les dotations ayant été affectées en priorité au combat contre Covid, sans compter que la pandémie et ses confinements ont empêché les malades d'être diagnostiqués et soignés. En effet, les centres de soins ont souvent été réquisitionnés pour le Covid-19. Résultat, le nombre de décès dus à la tuberculose est remonté pour la première fois depuis une décennie au cours de l'année 2020.
Cette dégradation intervient alors que - crise économique et géopolitique oblige - « la plupart des donateurs d'Alliance TB n'ont pas voulu s'engager sur plus d'un an de financement et ont réduit les montants accordés », dénonce Mel Spigelman. Pire, le Royaume-Uni, historiquement premier pourvoyeur de fonds, n'a accordé aucune aide cette année à l'association.
Pourtant, des traitements permettent de lutter efficacement contre les souches résistantes aux antibiotiques. Sur les 9,5 millions de personnes atteintes de tuberculose chaque année, 5 % pourraient être concernées par ces thérapies qui garantissent un taux de guérison de 90 %, avec trois comprimés par jour pendant six mois et peu d'effet secondaires… contre 20 à 30 % sous traitements lourds pris pendant deux ans avec d'importants effets secondaires. De même, la recherche de candidats vaccins antituberculeux ou de tests rapides est, elle aussi, en manque crucial de moyens financiers.
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