En analysant les dossiers de santé électroniques de 236 379 patients atteints de Covid (majoritairement aux États-Unis) les auteurs de l’Université d’Oxford relèvent que 34 % ont eu un diagnostic de maladie neurologique ou psychiatrique dans les six mois suivant l’infection. Pour 13 % de ces personnes, il s’agissait de leur premier diagnostic neurologique ou psychiatrique.
Des risques plus importants après des formes graves
Le risque de souffrir de troubles psychiatriques ou neurologiques semble aggravé par un passage en soins intensifs (et donc par une forme grave du Covid) : la proportion de patients qui présentent ces affections six mois après une infection s’élève alors à 46 %. C’est un premier diagnostic psychiatrique ou neurologique pour 26 % d’entre eux.
Quant à la nature des troubles, l’anxiété (17 %) et les troubles de l’humeur (14 %) étaient les diagnostics les plus fréquents après un Covid (forme sévère ou non), devant les addictions (6 %), l’insomnie (5 %), les troubles psychotiques (1,40 %). L’incidence des atteintes neurologiques est plus faible : 0,6 % pour les hémorragies cérébrales, 2,1 % pour les accidents vasculaires cérébraux, 0,7 % pour la démence, ou encore 0,1 % pour le Parkinson.
Néanmoins, le groupe de patients ayant été hospitalisés en soins intensifs affiche des prévalences plus élevées : de 19 % pour les troubles anxieux et 15 % pour les troubles de l’humeur, 10 % pour les addictions, 2,6 % pour les hémorragies cérébrales (vs 0,3 % pour ceux qui n’ont pas été hospitalisés), 7 % pour les accidents vasculaires cérébraux (vs 1,3 %), 1,7 % pour la démence (vs 0,4 %), et 0,2 % pour le Parkinson.
Les auteurs se gardent de conclure sur la nature des associations entre troubles neurologiques et sévérité. Ils évoquent toutefois de potentiels mécanismes comme l’invasion virale du système nerveux central, les effets de la réponse immunitaire sur les voies neurales, ou encore les états d’hypercoagulabilité. Ils soulignent en revanche une association entre troubles psys et sévérité du Covid moins significative que pour les troubles neurologiques : « les troubles psys reflètent surtout les implications psychologiques du Covid, plus que des conséquences directes, physiologiques, de la maladie », lit-on.
Les chercheurs ont par ailleurs comparé l’apparition de ces troubles entre des patients ayant eu le Covid, et d’autres qui ont eu une grippe (à partir des données de 105 000 patients) ou une autre infection respiratoire autre que le SARS-CoV-2 (à partir d’une cohorte de 236 000 patients). Le risque de diagnostics neurologiques ou psychiatriques était dans l’ensemble de 44 % plus élevé après le Covid qu’après la grippe, et de 16 % plus élevé qu’après une infection des voies respiratoires.
Une morbidité psy et neurologique à prendre en compte pour l’avenir
Eu égard à ces morbidités psychiatriques et neurologiques qui apparaissent au décours d’un épisode de Covid, grave mais aussi plus léger, les chercheurs appellent à anticiper l’offre de soins nécessaire pour les prendre en charge.
« Malheureusement, bon nombre des troubles identifiés dans cette étude ont tendance à être chroniques ou récurrents, nous pouvons donc anticiper que l’impact du Covid-19 pourrait perdurer pendant de nombreuses années », écrit le Dr Jonathan Rogers de l’Université de Londres (UCL) dans un commentaire publié dans le journal.
Si le risque au niveau individuel de la plupart de ces troubles neurologiques et psychiatriques est faible et s’il diminue au cours du temps, l’effet peut être « considérable » pour les systèmes de santé en raison de l’ampleur de la pandémie, conclut le professeur Paul Harrison (Université d’Oxford, Royaume-Uni), auteur principal de l’étude.
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