Une mutation de la protéine Spike observée initialement dans le variant sud-africain du virus responsable du Covid-19 a été détectée dans des variants britanniques. Cette mutation pourrait contribuer à la réduction de l'efficacité du vaccin.
L’annonce a de quoi inquiéter le petit monde de la virologie, et même au-delà. L'agence sanitaire britannique Public Health England déclare avoir détecté la mutation E484K, propre au variant sud-africain, dans certains génomes du variant britannique B.1.1.7, a indiqué hier « Le Quotidien du médecin ». Cette mutation de la protéine Spike du virus, d’abord identifiée dans les variants sud-africains B1.351 (501.V2) et brésilien P1, pourrait perturber la réponse immunitaire acquise. Elle a été détectée au Royaume-Uni dans 11 séquences du variant B1.1.7. L'évolution est certes inquiétante, mais pas totalement inattendue, estime Julian Tang, virologue à l’université de Leicester, cité par l’agence britannique Science Media Center.
L'hypothèse est que cette mutation se produise à la suite d’une sélection immunitaire. « Un événement d'acquisition signifie que la mutation E484K a été acquise par le variant B.1.1.7 au cours du processus de réplication virale et de sélection des variants viraux plus aptes à se développer en présence d'une réponse des anticorps, explique Lawrence Young, virologue à l'université de Warwick. C'est une préoccupation. Cela montre que le virus est très susceptible de s'adapter à notre réponse immunitaire. »
Cette capacité à perturber la réponse immunitaire suscite l’inquiétude sur l’efficacité des vaccins disponibles ou en développement. Les communications de Pfizer/BioNTech et Moderna reconnaissent une efficacité moindre de leurs vaccins en Afrique du Sud. Les résultats annoncés par Johnson & Johnson pour son vaccin candidat vont dans le même sens, avec une efficacité de 57 % en Afrique du Sud contre 72 % aux États-Unis. « La mutation E484K pourrait contribuer à cette réduction de l'efficacité du vaccin », estime ainsi Lawrence Young. Selon lui, la mutation E484K peut affaiblir la réponse immunitaire et également avoir un impact sur la longévité de la réponse des anticorps neutralisants. « Les variants B.1.1.7 portant la mutation E484K pourraient être plus efficaces lors d'une réinfection », poursuit Lawrence Young.
Avec le « Quotidien du médecin »
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
La consommation de drogues et d’alcool en baisse chez les jeunes
Crise sanitaire : le malaise des préparateurs
3 questions à…
Christelle Degrelle