DEPUIS 2004, la colchicine est recommandée comme traitement de première ligne lors de récidives de péricardite (recommandations de la Société Européenne de cardiologie). Son efficacité a été prouvée notamment dans l’étude CORE. Qu’en est-il dans la péricardite aiguë, où seules des données éparses ont été publiée jusqu’ici ? Massimo Imazio et coll. répondent à la question par une conclusion positive. Chez les patients souffrant de péricardite aiguë, la colchicine ajoutée au traitement anti-inflammatoire conventionnel est efficace.
Avec aspirine et ibuprofène.
Les investigateurs de l’étude nommée ICAP (Investigation on Colchicine for Acute Pericarditis) ont mené un travail randomisé, en double aveugle et multicentrique. Des adultes (n = 240) souffrant de péricardite aiguë ont reçu soit de la colchicine (à raison de 0,5 mg deux fois par jour pendant 3 mois au-dessus de 70 kg de poids corporel ou 0,5 mg une fois par jour au-dessous), ou un placebo. Le traitement est donné en supplément au traitement anti-inflammatoire conventionnel. La plupart des patients ont reçu de l’aspirine et un plus petit nombre de l’ibuprofène.
Les résultats montrent que le critère principal d’évaluation choisi pour l’étude, soit une récidive de la péricardite ou sa prolongation, est observé chez 2 fois plus de patients du groupe sans colchicine (45 patients ; 37,5 %) que dans le groupe avec (20 patients ; 16,7 %), soit un résultat significatif en faveur de la colchicine, avec un risque relatif de 0,56 dans ce groupe (p ‹ 0,001).
La colchicine réduit le taux de persistance des symptômes à 72 heures (19,2 % vs 40 %, p = 0,001), le nombre des récidives par patient (0,21 vs 0,52, p = 0,001) et le taux des hospitalisations (5 % vs 14 %, p = 0,02).
Les granulocytes.
La colchicine améliore aussi le taux des rémissions à une semaine (85 % vs 58,3 %; p ‹ 0,001). La diarrhée reste le principal effet secondaire rapporté sous colchicine dans moins de 10 % des cas. Les taux d’interruption du traitement sont similaires dans les deux groupes.
Le mécanisme par lequel cet effet favorable de la colchicine s’exerce n’est pas élucidé. Les auteurs invoquent une capacité à se concentrer dans les granulocytes. Dans le cas des récidives, on ne connaît souvent pas la cause et un processus immunologique semble être en cours. A contrario, les péricardites aiguës ont souvent une cause connue infectieuse, présumée être virale dans la plupart des cas dans les pays développés.
Les limites du travail sont précisées par les auteurs. Ces résultats sont valables pour la population étudiée, mais ne peut s’appliquer aux situations cliniques exclues lors de l’inclusion : patients ayant un taux élevé d’aminotransférases ou de troponine, ceux souffrant d’une hépatopathie, d’une myopathie, de dyscrasie sanguine ou de maladie inflammatoire chronique intestinale.
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