LA DENGUE ménage sa monture. D’après des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, le virus de la dengue modifie le comportement alimentaire de son vecteur, le moustique Ædes ægypti, de sorte qu’il ait davantage faim et se nourrisse avec plus de facilité. L’infection change l’expression de gènes au niveau des glandes salivaires, en particulier certains impliqués dans l’odorat. Ces phénomènes pourraient augmenter la transmission de l’infection à l’homme, car, comme le souligne le Dr George Dimopoulos, l’auteur principal, « un moustique affamé qui détecte mieux la nourriture présente plus de risque de transmettre le virus ».
Analyse des transcrits.
Comme le virus est inoculé par la salive, l’infection des glandes salivaires est une étape indispensable pour la transmission. Ces organes facilitent de plus l’alimentation par le sang, en produisant des molécules aux propriétés anticoagulantes, anti-inflammatoires et vasodilatatrices, de même que des facteurs immunitaires qui diminuent la charge microbienne ingérée dans le sang et le nectar. Enfin, la salive du moustique altère la réponse immunitaire des hôtes piqués, ce qui se traduit par une virémie élevée et un risque majoré de transmission.
Afin de préciser l’impact de l’infection sur la glande, les chercheurs ont mesuré les niveaux d’expression des gènes, les « transcrits », chez les moustiques infectés. Puis ils les ont comparés à ceux d’insectes naïfs. Là, les scientifiques ont constaté que 147 transcrits étaient modifiés par le virus de la dengue, dont certains essentiels à la transmission virale, tels que l’immunité, l’alimentation par le sang et la recherche de l’hôte. En particulier, des gènes de l’odorat sont hautement concernés et ont fait l’objet de recherches spécifiques.
Dans leurs expériences, les chercheurs ont observé ce qu’il se passait si ces gènes de l’odorat étaient « éteints ». Leur inactivation a alors considérablement augmenté le laps de temps pour la mise en quête de nourriture mais aussi la recherche elle-même. Mais ce n’est pas tout, l’équipe a mis en évidence que les organes majeurs de l’olfaction, les antennes, étaient infectés de façon massive par le virus au cours de l’affection. Ce qui se traduisait par la transcription de gènes clés impliqués dans la quête d’hôte.
Les comportements sont sous l’influence à la fois de nombreux facteurs environnementaux et de nombreux processus physiologiques (métabolisme, réponse au stress), bien difficiles à reproduire dans l’espace d’un laboratoire. D’autres équipes ont ainsi montré par le passé que le virus augmentait le métabolisme et l’activité locomotrice des insectes infectés. Avec ce travail, les chercheurs soulignent l’importance des glandes salivaires dans la transmission de l’infection à l’homme, puisqu’elles jouent un rôle non seulement dans la réplication virale mais aussi la quête de l’hôte.
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