LA CINQUIÈME édition de l’enquête de la SMEREP, une mutuelle étudiante, sur le comportement des étudiants vis-à-vis de leur santé, pointe d’emblée un premier constat : la progression de leurs problèmes de sommeil, soit 19,8 % en 2007 contre 24,8 % cette année. Une augmentation qui s’explique par l’accroissement des sollicitations et l’envie d’étirer leurs soirées sans dormir à heures régulières. « Avec l’essor des jeux vidéos et des réseaux sociaux, les étudiants reculent de plus en plus l’heure du coucher, en se disant qu’ils rattraperont leur sommeil pendant le week-end. Mais ils doivent aussi compter avec le rythme de l’université et le travail, car 30 % d’entre eux sont salariés », indique Pierre Faivre, président de la SMEREP. Rien d’étonnant dans ce cas à ce qu’ils se disent angoissés : l’enquête révèle que 36,7 % d’entre eux ressentent encore des difficultés à gérer leur stress. Pourtant, les réponses des étudiants recèlent quelques bonnes nouvelles, comme l’accroissement du nombre de jeunes arrêtant le tabac, passé de 70,8 en 2007 à 75,4 % aujourd’hui. « Le coût budgétaire a un fort impact sur cette population précaire. Outre la proportion d’arrêt mécanique, l’interdiction de fumer sur les campus et les pauses plus courtes ont découragé les étudiants. »
L’importance de l’automédication.
Un contexte qui incite certains d’entre eux à arrêter : ils poussent alors la porte de l’officine pour obtenir des conseils sur les substituts nicotiniques. « Un dialogue est possible ici avec le pharmacien ; les jeunes ont peur de se faire juger par leur médecin de famille, d’autant que celui-ci connaît leurs parents, alors qu’ils peuvent établir une relation de proximité anonyme avec leur pharmacien. » En effet, l’officinal peut guider cette population qui fréquente peu les professionnels de santé : 44,3 % privilégient l’automédication et seulement 52,1 % consultent leur médecin traitant. Pour des raisons budgétaires, certains préfèrent piocher dans l’armoire à pharmacie de leurs parents, plutôt que d’aller au cabinet médical. Preuve en est : 52,6 % des jeunes attendent que leurs maux se passent. Cependant, les étudiants franciliens sont plus enclins à interroger les spécialistes (dermatologue, gynécologue et ophtalmologiste), sans doute parce qu’ils sont plus présents dans la région. Enfin, 25,4 % des étudiants ont reporté ou renoncé à des soins, faute de moyens.
Si la consommation de tabac est en baisse, ce n’est pas le cas de celle de d’alcool qui s’envole, de 65,8 % en 2007 à 72,5 % en 2009, d’autant que certaines filières universitaires sont bien connues pour leurs soirées arrosées. Mais c’est pour la contraception que les chiffres de l’enquête 2009 de la SMEREP sont les plus surprenants. Si la pilule est utilisée par 62,4 % des jeunes interrogés et le préservatif masculin à 54,8 %, 7,8 % disent n’utiliser aucun moyen contraceptif. Et 33,1 % des étudiantes ont déjà pris la pilule du lendemain. « Concernant la protection contre le Sida et les MST, les jeunes ont été très informés pendant leur scolarité. Mais, aujourd’hui, le danger est réel car ils considèrent que cela concernait davantage leurs aînés, et qu’elles ne les toucheront pas », analyse le président de la SMEREP.
Une insouciance plus marquée qui s’accompagne d’une recherche hésitante sur les questions de santé : en effet, 49 % se ruent sur la toile quand ils cherchent une information médicale !
Jouer son rôle de relais.
« C’est un phénomène lié à l’importance qu’a pris Internet dans notre société. Les jeunes se referment sur eux-mêmes et semblent ignorer qu’ils peuvent se tourner vers des professionnels, comme les services de médecine préventive de leur université ou leur pharmacien. L’étudiant se trouve en dehors du système général, c’est donc à l’officinal de lui montrer qu’il peut être un relais pour lui et une interface entre le monde médical et la sphère privée. »
Enfin, autre enseignement tiré de l’enquête : 62,3 % des étudiants n’ont pas fait de tests de dépistage (VIH, hépatites B et C, IST). « Avec la recrudescences des IST, ce chiffre n’est pas une bonne nouvelle. En officine, au moment de la vente des contraceptifs, le pharmacien a la possibilité de rappeler l’importance de ces tests de dépistage aux jeunes, et d’insister sur la nécessité d’une contraception combinée à la protection et au dépistage », conclut Pierre Faivre.
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