En quelques années, le développement rapide de certaines technologies (intelligence artificielle, géolocalisation, biotechnologies…) a commencé à modifier profondément le paysage alimentaire. En moins d'une décennie, de nouvelles pratiques d'achat sont apparues comme l'utilisation de l'ordinateur ou du smartphone pour comparer les prix, recueillir des informations sur les produits ou les avis des autres internautes, identifier un fournisseur local, se faire livrer les courses ou les repas à domicile. En permanence sont lancés des produits nouveaux comme des aliments fonctionnels ou présentés dans des emballages intelligents. Parallèlement, de nouveaux services sont proposés (coaching nutritionnel, aides à la cuisine) ainsi que des objets connectés.
Pour demain les médias nous laissent entrevoir des innovations encore plus spectaculaires comme les imprimantes 3D personnelles, les repas d'insectes, d'algues ou de viande synthétique issue de cellules-souches, des fermes urbaines. Cette révolution naissante de la foodtech a été adoptée avec enthousiasme par une partie des consommateurs. Pourtant de nombreuses enquêtes montrent que les Français se méfient de plus en plus des nouvelles technologiques. « Globalement la société française apparaît de plus en plus inquiète et risquophobe. Cette sensibilité à la technophobie correspond à l'essor d'internet et des réseaux sociaux à partir des années 2000 », constate le sociologue Éric Birlouez.
Le concept de rétro-innovation
« La perception de progrès et de sécurité s'est totalement inversée : aujourd'hui ce sont les technologies qui représentent le risque et c'est le retour à la nature (autrefois perçue comme dangereuse pour l'homme), qui prend la place de la science et de la technique, en réponse aux dangers que l'humanité fait courir à elle-même et à la planète », poursuit le sociologue. En 2017, le retour au passé et à l'authenticité est toujours un des grands axes de l'alimentation moderne. Bien que contradictoires a priori, les deux attitudes peuvent coexister. Certaines initiatives de la foodtech peuvent contribuer à mieux satisfaire le besoin du traditionnel, du terroir ou de l'artisanat des mangeurs en quête de sécurité, et à apaiser leurs craintes vis-à-vis de l'aliment industriel. On retrouve sous une forme moderne le concept marketing de rétro-innovation : innover pour se reconnecter au passé.
Ainsi, on peut prédire un accueil favorable aux innovations qui rendront les aliments plus simples et faciles à utiliser ou à cuisiner, qui allongeront leur durée de conservation tout en réduisant le gaspillage, qui permettront d'acheter en ligne des légumes « oubliés » ou encore celles qui réduiront le temps consacré aux approvisionnements alimentaires. Un potentiel existe également du côté des produits à base de protéines végétales en substitution aux produits carnés, des applications permettant une alimentation personnalisée comme des conseils de nutrition préventive fondés sur l'analyse du microbiote intestinal.
Toutefois, face à cette alimentation du futur, il convient de rester prudent. « Avant d'arriver à une alimentation personnalisée efficace et des recommandations alimentaires acceptables par tous, il reste de nombreux verrous scientifiques, méthodologiques et éthiques à lever », prévient Nicolas Darcel (AgroParisTech).
*La foodtech soutient les initiatives innovantes pour optimiser la chaîne de valeur de l'alimentation, de la production à la consommation.
D'après une conférence de presse du Fonds Français Alimentation Santé
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques