EN NUTRITION HUMAINE, les études épidémiologiques ne manquent pas. L’étude de Shoenfeld1 montre que sur les 50 ingrédients les plus communs d’un livre de cuisine, 80 % d’entre eux sont objets d’études épidémiologiques… qui concluent à l’association positive ou négative entre consommation et survenue de cancers. Établir une association entre la consommation d’un aliment et la santé est une chose. Étudier, interpréter, comprendre cette association et aboutir à des recommandations nutritionnelles fondées sur des preuves est beaucoup plus compliqué.
Une des dernières études épidémiologiques en date, celle de Bhupathiraju et al. (2014, Diabetologia) a fait le buzz. Elle montre qu’augmenter de plus d’une tasse par jour sa consommation de café sur une période de 4 ans est associé à une diminution du risque de diabète de type 2 de 11 % ; diminuer sa consommation de plus d’une tasse par jour est associé à une augmentation du risque de diabète de type 2 de 17 %. Les auteurs concluent que l’étude apporte des preuves supplémentaires en faveur d’un lien entre modification des habitudes de consommation de café et risque de diabète de type 2 .
À prendre avec des pincettes.
Le Dr Léopold Fezeu, épidémiologiste au sein de l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle de Bobigny souligne qu’« il s’agit d’une étude observationnelle. Elle porte sur des données déclaratives de consommation du café : fréquences de consommation, nombre de tasses. Elle évoque l’association entre la modification de la consommation de café et le diabète de type 2. Mais il est impossible d’en tirer une quelconque relation de causalité. Pour établir une relation de causalité certaine, des études randomisées sont nécessaires, avec consommation de café imposée pendant de nombreuses années. Ces études difficiles à mettre en œuvre et très coûteuses, nécessitent de quantifier la consommation de café de façon plus fiable, par exemple en mesurant les métabolites urinaires ou plasmatiques issus de cette boisson. Elles posent des problèmes éthiques : peut-on imposer à des personnes la consommation de café ? »
Les substances que contient le café sont objet d’analyses. Les propriétés de certaines d’entre elles, comme les antioxydants (acide chlorogénique, dérivés de l’acide quinique) ou les polyphénols pourraient fournir une explication rationnelle à un éventuel effet protecteur vis-à-vis du diabète de type 2.
Rappeler les fondamentaux.
Le Dr Boris Hansel, endocrinologue et nutritionniste (hôpital Bichat, Paris), retient que « les études sur le café peuvent être un argument pour ne pas stigmatiser les grands buveurs de café ». En revanche, il met en garde contre les dangers de la médiatisation de ce type d’études épidémiologiques. « Certains comprennent qu’il faut se mettre à boire du café pour se prémunir contre le diabète. De plus, cette médiatisation éclipse l’information sur les fondamentaux de la prévention du diabète de type 2 recommandés par l’OMS : contrôler son poids et son tour de taille, adopter une alimentation équilibrée, riche en fibres, et pratiquer un exercice physique d’endurance à un niveau d’intensité modéré à élevé. »
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