PLUTÔT QUE vivre seul, c’est le fait de se sentir seul qui serait associé au développement d’une démence. Si l’isolement social est classiquement cité comme un facteur favorisant, l’étude néerlandaise AMSTEL (The Amsterdam Study of the Elderly) soutient que le sentiment de solitude est un bien meilleur indicateur du risque de démence future. Alors que le fait objectif de vivre seul dans la vie (vivre seul, célibat, pas de soutien de l’entourage) n’était pas associé à un risque majoré de démence, le sentiment de solitude l’augmentait de plus de 50 % (OR = 1,64) en analyse multivariée.
L’étude AMSTEL, destinée à étudier le risque de dépression, de démence et de mortalité chez les seniors, a consisté à suivre pendant trois ans 2 173 sujets âgés de 65 ans ou plus et vivant à domicile. Le bien-être, la santé mentale, l’existence d’une démence étaient évalués au terme du suivi, ainsi que leur santé physique, leur degré d’autonomie et leur sentiment de solitude à l’aide d’un questionnaire spécifique. L’ajustement est l’une des grandes forces de cette étude, qui a intégré de très nombreux facteurs socio-démographiques tels qu’une dépression, une maladie cardio-vasculaire préexistante, une maladie neurologique, des troubles cognitifs ou un handicap.
Les origines de la solitude.
Au début de l’étude, près de la moitié des participants vivaient seuls (n = 1 002, 46 %). Près des trois quarts rapportaient l’absence d’aide de l’entourage. Seul un sur cinq
(n = 433) disait se sentir seul. L’analyse multivariée a retrouvé qu’il y avait parmi ces sujets disant se sentir seuls un risque majoré de 64 % de démence au terme des trois ans. En l’absence d’ajustement, le risque de démence apparaissait de manière plus flagrante, puisque celui-ci était doublé chez les participants se sentant seuls par rapport aux autres.
L’association entre démence et sentiment de solitude a persisté après ajustement sur l’isolement social et la dépression. D’autres mécanismes sont en jeu. La question de causalité entre démence et solitude reste posée. Plusieurs hypothèses ont cours, la première étant que la solitude favorise l’émergence de troubles cognitifs et de la mémoire via un appauvrissement des stimulations. Une autre explication serait que la solitude est un signe comportemental précoce de la pathologie neurodégénérative, une troisième que le sentiment de solitude est un révélateur de traits de personnalité prémorbide défavorable. « Mieux comprendre d’où vient le sentiment de solitude nous permettra d’identifier les sujets vulnérables et de mettre en place des interventions pour améliorer leur pronostic », concluent les auteurs.
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