PLUS LES TRAVAUX se multiplient sur les conséquences du tabagisme passif chez les enfants, plus les complications apparaissent nombreuses et variées. Comme il y a de plus en plus d’études suggérant que le tabagisme passif semble favoriser le développement d’infections à méningocoques, des auteurs ont recherché et étudié les travaux publiés sur la question.
On le sait, les méningocoques sont les principaux responsables des méningites bactériennes. Ce germe est également à l’origine d’infections invasives au niveau sanguin et articulaire.
Les maladies à méningocoques sont particulièrement fréquentes chez les enfants et les jeunes adultes. Le taux de décès atteint environ un individu sur vingt, en dépit des soins médicaux. Et, par ailleurs, une personne sur six conservera un handicap neurologique important et/ou des troubles du comportement. C’est dire l’importance de la prévention de ces infections.
Rachael Murray et Jo Leonardi-Bee (Centre of Tobacco Control Studies, université de Nottingham, Royaume-Uni), ont réalisé une revue systématique de 18 études dont l’objectif principal consistait en une analyse des effets du tabagisme passif vis-à-vis de l’infection invasive par le méningocoque chez les enfants.
Tabagisme pendant la grossesse : risque triplé.
Les résultats montrent en gros que l’exposition au tabagisme passif au domicile multiplie par deux le risque d’infection invasive par le méningocoque. Chez les enfants de moins de 5 ans, le risque est plus élevé. Enfin, chez les enfants nés de mère qui a fumé pendant sa grossesse, le risque est multiplié par trois, comparativement aux enfants nés dans des maisons « sans tabac ».
Dix-huit études ont été identifiées. Le tabagisme passif fait plus que doubler le risque de méningococcie invasive, avec un RR de 2,18. Il y a des preuves manifestes d’un gradient exposition réponse.
L’effet le plus important est rapporté pour les enfants de moins de 5 ans, avec un risque relatif de 2,48.
Par ailleurs, le tabagisme maternel augmente, d’une part, le risque de méningococcie invasive pendant la grossesse (risque relatif de 2,93) et, d’autre part, des infections méningococciques chez l’enfant après la naissance (RR de 2,26).
Réduction des défenses de la muqueuse nasopharyngée.
Les raisons de cette susceptibilité aux infections par les méningocoques restent incomplètement élucidées.On ne sait pas précisément par quel processus la fumée de tabac affecte ces enfants et augmente leur susceptibilité à contracter une infection par le méningocoque. Toutefois, les auteurs avancent une hypothèse. « En terme de plausibilité biologique, un des mécanismes possibles est que la fumée de tabac réduise les défenses naturelles de la muqueuse nasopharyngée contre les agents infectieux. » D’ailleurs, les observations actuelles vont dans ce sens, montrant que les personnes qui fument ont un taux de portage important des méningocoques dans le nasopharynx.
Extrapolant ces résultats, Rachael Murray explique : « Nous estimons que, au Royaume-Uni, il y a 630 cas supplémentaires annuels chez des enfants de moins de 16 ans à attribuer directement au tabagisme passif. »
Les résultats de cette étude mettent en lumière des preuves supplémentaires d’effets nocifs du tabagisme passif chez les enfants. Donc des arguments pour convaincre les femmes enceintes de stopper le tabagisme.
Des études devraient être réalisées par ailleurs sur les effets de l’arrêt du tabagisme dans les foyers des enfants exposés à la fumée parentale, sur la réduction du risque d’infection à méningocoque, ce qui apporterait une preuve expérimentale.
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