LE « BEH » (n° 10-11) publie cette semaine une étude sur l’évolution du taux d’hospitalisation pour AVC en France, entre 2002 et 2008 réalisées à partir des bases nationales des résumés d’hospitalisation en court séjour (PMSI MCO). Les résultats montrent que, si le nombre de personnes hospitalisées pour AVC a augmenté de 10,9 % durant la période, le taux standardisé (pour tenir compte de l’augmentation de la population et de son vieillissement) a, lui, diminué de 2,6 %. Cette tendance globale recouvre des évolutions différenciées en fonction des classes d’âge. Si, après 65 ans, les taux standardisés ont effectivement diminué chez les hommes (7,8 %) comme chez les femmes (6,1 %), la tendance s’inverse chez les moins de 65 ans « avec une augmentation globale des taux standardisés de 10,8 % », soulignent les auteurs Christine de Peretti et coll. Là aussi, l’évolution est la même chez les hommes (+ 9,7 %) et pour les femmes (+ 12,9 %).
Les accidents ischémiques transitoires (AIT) suivent les mêmes tendances que les AVC avec un taux standardisé de personnes ayant eu une hospitalisation complète qui a globalement diminué de 9,4 % entre 2002 et 2008. Comme pour les AVC, on observe une augmentation de 15,2 % avant 65 ans et une baisse de 16,2 % dans la population des personnes âgées de 65 ans et plus.
L’analyse des données de l’année 2008 au cours de laquelle 125 678 personnes ont été hospitalisées pour AVC ou AIT montre pour les AVC une « répartition hommes-femmes équilibrée (respectivement 49,8 % et 50,2 %) ». L’âge moyen était de 73 ans, plus faible pour les hommes que pour les femmes (70,1 ans versus 75,9 ans). De même pour les AIT, avec 48,5 % d’hommes et 51,5 % de femmes avec un âge moyen plus faible que pour les AVC (72,1 ans).
Surveiller les facteurs de risque.
Selon les auteurs, les tendances observées pourraient s’expliquer par l’amélioration du diagnostic et le changement de définition de l’AVC. « L’AVC intègre de plus en plus des événements ischémiques avec régression des déficits avant 24 heures et image d’infarctus cérébral (IRM, scanner), qui étaient auparavant répertoriés comme AIT. » Ils soulignent toutefois que cette hypothèse ne suffit pas avant 65 ans, « puisque l’augmentation y est plus importante pour les AIT que pour les AVC. » L’étude soulève également l’hypothèse de « l’attention croissante portée aux pathologies cérébro-vasculaires, et notamment aux AVC mineurs et au risque d’AVC après AIT ». Les personnes atteintes de ces maladies font l’objet d’une hospitalisation plus systématique qu’auparavant.
Les auteurs rappellent les résultats de l’étude Inerstroke qui explique que 80 % des primo-AVC sont dus à 5 facteurs : l’hypertension artérielle, le tabagisme, l’obésité abdominale, un régime alimentaire pauvre en poisson et en fruits et l’insuffisance d’activité physique régulière. L’adjonction de 5 autres facteurs élève ce pourcentage à 90 % : le diabète, l’abus d’alcool, le stress ou la dépression, les causes d’origine cardiaque, telle que la fibrillation auriculaire, et les dyslipidémies. « Deux facteurs de risque neurovasculaire, particulièrement, ont une évolution préoccupante : l’obésité, dont l’augmentation en France est attestée notamment par les études Obépi (...) et le diabète, dont la prévalence a augmenté de 69 % entre 2000 et 2009 », notent-ils. Le «?BEH?» insiste sur l’importance de surveiller les facteurs de risque et la nécessité de la prévention et du traitement de ces facteurs pour toutes les tranches d’âge.
Les évolutions mises au jour par l’étude doivent, selon les auteurs, être confirmées par la poursuite de la surveillance épidémiologique des AVC. Afin, soulignent-ils, « de faire la part de l’effet induit par les améliorations diagnostiques et de la prise en charge hospitalière plus systématique des AVC mineurs ».
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