L’ABSENCE DE DOULEUR n’est pas synonyme de meilleur pronostic. C’est particulièrement vrai en cas de syndrome coronaire aigu (SCA), au cours duquel l’absence de son signe cardinal, la douleur thoracique (DT), expose à une mortalité plus élevée en raison du retard diagnostic. Comme constaté précédemment dans une population plus âgée, le risque guetterait davantage les femmes que les hommes. Selon une étude canadienne chez 1 015 patients âgés de moins de 55 ans, la proportion de SCA silencieux était plus élevée chez elles (19 % par rapport à 13,7 %), soit une femme ayant un SCA sur 5.
La vigilance reste donc de mise devant certains signes extra-thoraciques, puisqu’au moins l’un d’entre eux était retrouvé dans tous les cas, les plus fréquents pour les deux sexes étant l’asthénie, les bouffées de chaleur, la respiration courte, les sueurs froides ou encore la douleur dans le bras gauche et/ou l’épaule. Ce d’autant que, de façon générale, les femmes présentaient plus de symptômes extra-thoraciques que les hommes.
Une symptomatologie plus diverse chez les femmes.
L’objectif poursuivi par l’équipe dirigée par Nadia Khan de l’université de British Columbia (Vancouver) était d’étudier les différences de présentation du SCA entre hommes et femmes dans une population jeune. Sans que l’on sache pourquoi, il était décrit que le risque d’erreur diagnostique en service d’urgence était plus élevé chez les femmes. Parmi les caractéristiques suspectées, l’absence de DT figurait en bonne place. La population étudiée était âgée de moins de 55 ans et près de 30 % des participants étaient des femmes (n =?305). L’âge médian de survenue du SCA était de 49 ans.
Si la DT est le signe cardinal du SCA, retrouvé dans l’étude chez 86,3 % des hommes et 81,0 % des femmes, elle ne résume pas à elle seule toute la symptomatologie possible. Des symptômes extra-thoraciques étaient constamment observés, même s’ils étaient moins fréquents en l’absence de DT, et ce dans les deux sexes. Ainsi, les femmes sans DT présentaient en moyenne 3,5 symptômes, par rapport à 5,8 pour celles avec DT. Quant aux hommes, ils présentaient en moyenne 2,2 symptômes en l’absence de DT versus 4,7 en présence de syndrome douloureux.
Asthénie, respiration courte et tachycardie.
Les chercheurs n’expliquent pas complètement le fait que les femmes présentent davantage de SCA silencieux. Certes, les femmes jeunes étaient plus souvent diabétiques que les hommes jeunes, de façon superposable à ce qui a été décrit précédemment dans une population plus âgée. Pourtant, la différence entre hommes et femmes persistait après ajustement. Le diabète et la neuropathie autonome associée ne semblent donc pas être seuls en cause.
Globalement, qu’il existe ou non une DT, la présentation du SCA n’était pas différente, en termes de sus-décalage du segment ST, de taux de troponine et de sténose coronarienne. Ainsi, contrairement à ce qui a pu être décrit auparavant, l’absence de DT n’était pas plus fréquente au cours de SCA de moindre gravité. L’équipe a isolé deux critères indépendants doublant quasiment le risque de SCA sans DT : le sexe féminin (odds ratio OR à 1,95) et la tachycardie (OR à 2,07). Afin d’améliorer l’identification des SCA sans DT, les chercheurs proposent que soient évaluées aux urgences des stratégies incluant une évaluation standardisée de symptômes extra-thoraciques, comportant en particulier l’asthénie, la respiration courte et la tachycardie.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques