En Champagne, selon les calculs établis par les pharmaciens, chaque officine suit en moyenne 15 à 20 patients atteints de cancer, et en compte quatre à cinq fois plus si l’on inclut tous ceux ayant été traités pour un cancer mais remis ou guéris depuis. Aujourd’hui, les retours à domicile sont plus précoces qu’autrefois, et les chimiothérapies orales connaissent une progression rapide, au point qu’elles représenteront bientôt la moitié de toutes les chimiothérapies.
Un vrai défi, mais aussi une chance pour les pharmaciens, qui doivent toutefois mieux se former, tant à une meilleure prise en charge des patients qu’aux produits eux-mêmes. Comme le rappelle Jérôme Sicard, pharmacien à Chalons-en-Champagne, les patients qui bénéficient de traitements personnalisés sont encore peu nombreux, en moyenne un à deux par officine, mais lorsqu’ils y présentent une ordonnance, le pharmacien dispose de trois à quatre heures, entre la remise et la délivrance, pour connaître le traitement en question.
Savoir-faire et savoir être
Dans son exposé très pratique sur le pharmacien et la médecine personnalisée, il incite donc ses confrères non pas à « tout apprendre » sur le sujet, mais à savoir dès maintenant où trouver les informations importantes dont il aura besoin au comptoir pour répondre au patient. Une large palette d’outils validés : guides professionnels et patients, fiches chimiothérapies, fiches interactions, sociétés savantes, comptes rendus de congrès, et bien d’autres, sont à sa disposition. Au-delà du « savoir-faire » professionnel, M. Sicard a rappelé l’importance du « savoir être », qui s’apprend lui aussi, et inclut l’écoute et le respect du rythme et des choix du patient.
De plus, le pharmacien doit pouvoir se projeter « hors les murs », notamment entre la ville et l’hôpital, tout en se montrant vigilant face à la déshumanisation liée aux outils électroniques de plus en plus présents dans les traitements : il reste et doit rester le professionnel accessible facilement, durant de larges plages horaires. Enfin, l’officine doit « identifier les compétences locales », ce qui passe bien sûr par des liaisons fortes avec les réseaux de cancérologie ou les associations de patients, mais aussi avec tous les partenaires amenés à œuvrer autour du patient, de l’infirmier au prothésiste en passant par la coiffeuse et l’esthéticienne. Idéalement, l’officine pourrait bénéficier d’un pharmacien référent en oncologie.
Enrichie de rappels scientifiques et de présentations d’outils de formation, notamment pour encourager l’Éducation thérapeutique du patient (ETP), la journée s’est poursuivie par des ateliers pratiques et des présentations d’expériences. Pour Christophe Wilcke, pharmacien à Spincourt (Meuse) et président de l’URPS-Pharmaciens Grand Est (voir encadré), la pharmacie est au début d’une révolution, qui va la faire passer de la dispensation d’un traitement pour une maladie à celle d’un traitement pour un patient. La médecine personnalisée fait avancer la pharmacie, estime-t-il, tout en amenant les pharmaciens à coopérer de plus en plus avec les autres professions, tant à l’hôpital qu’en ambulatoire. En ville, poursuit-il, les pharmaciens forment « un couple naturel » avec les généralistes. Une coopération soutenue et encouragée aussi bien par l’Agence Régionale de Santé, venue ouvrir la rencontre, que par tous les pharmaciens présents, qui y voient l’une des clés de leur avenir.
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