EN FRANCE, sur les deux dernières décennies (entre 1980 et 2009), une baisse de 52 % de la mortalité cardio-vasculaire a été observée. Cette baisse est à mettre au crédit de l’amélioration des traitements (statines, aspirine, IEC) et d’une meilleure prévention. Mais les maladies coronariennes et cérébrales sont encore à l’origine de 27,5 % des décès, constituant ainsi la deuxième cause de mortalité. D’où la nécessité d’adopter une hygiène de vie plus saine et d’agir sur les facteurs de risque et les facteurs protecteurs de ces maladies (tabac, alcool, génétique, sédentarité).
Depuis quelques années, les produits laitiers sont accusés de nombreux maux ; les détracteurs font valoir comme risques liés à leur consommation : le syndrome métabolique, l’obésité, l’hypertension artérielle, les accidents cardio-vasculaires, le diabète. Deux grandes études françaises, Monica et Mona Lisa-Nut, ont été conduites pour témoigner des facteurs nutritionnels favorables à la prévention des maladies du cœur. La première, épidémiologique, et la seconde, transversale, vont toutes les deux dans le même sens : les produits laitiers seraient des facteurs protecteurs de la mortalité cardio-vasculaire. Les amateurs de lait et de yaourts auraient moins de risque de mourir de ces pathologies que les petits consommateurs.
Une baisse significative du LDL-cholestérol.
Pour l’étude Mona Lisa-Nut, menée sur 3 078 personnes âgées de 35 à 64 ans, les chercheurs ont évalué le risque cardio-vasculaire sur dix ans (calculé en fonction de deux indices validés, Score et Framingham*). Les résultats confirment que les gros consommateurs de produits laitiers ont un meilleur profil métabolique avec, significativement, moins de diabète, moins de mauvais cholestérol LDL, moins de triglycérides et de syndrome métabolique. Au total, un risque de décès dans les dix ans, diminué de 30 %. À noter qu’aucun effet protecteur n’a été observé pour le fromage, que l’on mange peu ou beaucoup de fromage n’a aucune incidence.
Les composants qui pourraient contribuer à ce moindre risque sont en premier lieu le calcium, les protéines lactées, et même certains acides gras spécifiques. Pour le Pr Jean Ferrières, secrétaire général de la Société française de cardiologie, cette réduction de la mortalité pourrait s’expliquer par la baisse du taux du LDL-cholestérol : « cette baisse est relativement significative puisqu’elle correspond environ à 25 % de la baisse obtenue avec la consommation de statines. Par ailleurs, on a observé une augmentation du bon cholestérol HDL chez les très gros consommateurs de fromage (plus de 60 g par jour). Au final, ce n’est pas tant la quantité que la qualité des acides gras consommés qui importe le plus. »
Globalement, les deux études montrent que les consommateurs de produits laitiers ont une alimentation plus équilibrée. Pour l’étude Monica, 976 hommes âgés de 45 à 65 ans ont été suivis durant 15 ans. Les résultats montrent une réduction de 59 % de la mortalité chez les sujets consommant beaucoup de laitages mais aussi beaucoup de pain, de fruits et légumes. « Cette étude met en évidence une association et non un lien de causalité entre les produits laitiers et une meilleure espérance de vie, précise le cardiologue. Leur effet protecteur est nuancé par le fait que ces personnes ont, par ailleurs, une très bonne hygiène de vie et notamment un bon équilibre alimentaire. »
À noter que les résultats obtenus dans les deux enquêtes tiennent compte des autres facteurs de risque (alcool, tabac, sédentarité) et ne concernent que des personnes en bonne santé (sans diabète, sans antécédents cardio-vasculaires).
CHRISTINE NICOLET
*Le modèle européen Score indique le risque de mortalité cardio-vasculaire à dix ans en prenant en compte le cholestérol total, le tabagisme et la pression artérielle systolique. Le modèle Framingham estime le risque de coronaropathie après dix ans, chez un patient ne souffrant pas de diabète et ne présentant pas de signes cliniques manifestes de maladie cardio-vasculaire.
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