Selon les résultats de leur étude publiée le 29 octobre à partir de données humaines, des chercheurs britanniques sont parvenus à quantifier pour la première fois la vitesse de développement de la maladie d'Alzheimer. Cette meilleure compréhension des processus mis en jeu pourrait ouvrir la voie à de futurs traitements.
On sait déjà qu'à l'origine de la maladie d'Alzheimer il y a l'agrégation progressive de protéines tau et de protéines bêta-amyloïde responsable de la mort des cellules cérébrales et du rétrécissement du cerveau. On sait aussi que ces amas de protéines toxiques sont responsables du déclin cognitif associé à la maladie. Mais les travaux récemment publiés dans « Science Advances », sont les premiers à utiliser des données humaines pour quantifier la vitesse des processus moléculaires en jeu. L'étude menée par les chercheurs de l'université de Cambridge remet de plus en cause la théorie selon laquelle les amas se forment à un seul endroit et déclenchent une réaction en chaîne dans d'autres zones, un schéma constaté chez la souris. Selon les scientifiques britanniques, une telle propagation peut se produire, mais n'est pas le moteur principal, selon les chercheurs. Leurs observations ont été rendues possible grâce à l'étude de données très détaillées venant de TEP-scan et de divers ensembles de données rassemblés, et de modèles mathématiques développés ces dix dernières années. En pratique, les scientifiques ont utilisé 400 échantillons de cerveau prélevés après la mort de personnes atteintes d'Alzheimer et 100 TEP-scan effectués sur des personnes qui vivent avec la maladie pour suivre l'agrégation de protéine tau.
À partir de ces données, les chercheurs ont découvert que cinq ans étaient nécessaires aux agrégats pour que leur nombre double. Un chiffre « encourageant », selon Georg Meisl, chimiste à l'université de Cambridge et l'un des auteurs principaux de l'article, car il montre que les neurones ont déjà une certaine capacité à combattre les agrégats. « Peut-être que si nous parvenons à les améliorer un peu (les neurones, N.D.L.R.), nous pourrons retarder considérablement l'apparition de la maladie grave », envisage-t-il.
La maladie, qui peut évoluer à bas bruit pendant 35 ans, met en général seulement 5 années à s'aggraver. Les agrégats suivent en effet une croissance exponentielle, ce qui explique « pourquoi la maladie met si longtemps à se développer, et pourquoi l'état des personnes a tendance à s'aggraver rapidement », selon Georg Meisl. Ces résultats et ceux d'autres études restant à mener devraient permettre d'orienter le développement de futurs traitements ciblant la protéine tau, espère Alzheimer's Research UK.
Avec AFP
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
La consommation de drogues et d’alcool en baisse chez les jeunes
Crise sanitaire : le malaise des préparateurs
3 questions à…
Christelle Degrelle