C'est une usine de production un peu particulière qui vient de s'implanter à Toulouse.
La start-up Cell-Easy, spécialisée dans la thérapie cellulaire, a en effet obtenu l'autorisation d'ouvrir un établissement pharmaceutique entièrement dédié à la production de cellules souches à grande échelle. Une première en France qui donne un nouveau souffle à la recherche pharmacologique. Car l'entreprise s'est fixée comme objectif d'approvisionner les essais cliniques en cellules souches humaines. Alors que généralement, ces cellules sont issues soit de cordons ombilicaux, soit de douloureuses ponctions lombaires, la technologie développée par Cell-Easy permet de les multiplier. De sorte qu’un donneur peut « fournir » des milliers de receveurs et, surtout, que le coût de la production, en quantité cette fois industrielle, est fortement diminué. Les cellules souches utilisées par l'entreprise sont principalement issues du tissu adipeux (recueillis par liposuccion par exemple). « On prend ce déchet et on en fait un médicament », explique Pierre Monsan, directeur général de la société et fondateur de la Fédération française des biotechnologies.
À peine installée, la toute jeune entreprise a déjà séduit le CHU de Toulouse. Celui-ci vient en effet de signer avec Cell-Easy une convention portant sur un essai clinique contre la maladie d’Alzheimer. Traiter la maladie d’Alzheimer à partir de cellules-souches issues du tissu adipeux prélevé lors d'interventions de liposuccion, l'idée peut paraître farfelue. Mais sur le plan pharmacologique, l'objectif est clair. Car si la maladie d'Alzheimer se caractérise par un état inflammatoire chronique du cerveau qui provoque des dépôts de protéines, l’équipe du CHU espère justement vérifier l’effet anti-inflammatoire des cellules-souches et leur capacité à ralentir l’évolution de la maladie.
En pratique, l’essai qui débutera en 2021 concernera neuf patients qui en sont au tout début de la pathologie. Les cellules souches leur seront injectées par voie sanguine. Si les premiers résultats sont encourageants, les déchets de liposuccion pourraient être un jour élevés au rang d'usines à médicaments.
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