L’histoire du vaccin contre la rougeole débuta dans le laboratoire du biologiste américain John F. Enders (1897-1985, Prix Nobel 1954), connu pour avoir réussi à cultiver le virus de la poliomyélite et ouvert la voie à la fabrication en masse de vaccins antiviraux qui révolutionnèrent la santé publique.
C’est en 1954, année où l’essai de Jonas Salk sur le vaccin contre la polio faisait outre-atlantique les unes de la presse, que le pédiatre Thomas C. Peeble (1921-2010), associé d’Enders, préleva des échantillons de sang sur des écoliers malades au cours d’une épidémie de rougeole frappant la ville de Boston (Massachusetts). Les deux microbiologistes étaient décidés à découvrir l’agent contaminant et à créer un vaccin en s’inspirant des travaux récents sur le virus de la polio. Ils ne parvinrent finalement à isoler le virus responsable de l’épidémie que chez un seul collégien, David Edmonston, âgé de 11 ans. Enders et Samuel L. Katz (né en 1927) le cultivèrent sur plusieurs milieux successifs (membrane amniotique humaine, œufs embryonnés, etc.) durant trois ans pour l’atténuer suffisamment, obtenant ainsi la souche vaccinale dite « Edmonston ».
Testé sur le singe, puis sur l'homme
Ce vaccin fut testé en 1960 sur le singe puis les chercheurs le testèrent eux-mêmes. Devant sa capacité à induire la production d’anticorps protecteurs, il le fut sur 1 500 enfants retardés mentaux dans l’état de New-York, après accord parental - ce qui constitua alors une nouveauté…-. Il le fut également sur plusieurs milliers d’enfants au Nigeria, pays alors ravagé par l’infection, sous l’impulsion d’un pédiatre britannique, David Morley (1923-2009), qui l’administra même à… ses enfants pour ne pas être suspecté d’exploiter la population locale. Le 17 septembre 1961 le Times annonça la découverte d’un vaccin contre l’infection. Finalement, en 1963, neuf ans donc après que le virus de la rougeole ait été isolé, deux vaccins anti-rougeoleux furent commercialisés aux États-Unis. Des souches virales plus atténuées et induisant moins de réactions post-vaccinales (fièvre, diarrhée) furent développées peu après par les microbiologistes Anton J.F. Schwarz (souche agréée en 1965) et Maurice R. Hilleman (1919-2005) (souche agréée en 1968). Le vaccin inactivé se révéla quant à lui trop peu actif pour être utilisable.
Ironie de l’histoire : David Edmonston, adepte de sagesse orientale et peu confiant dans la médecine occidentale, choisit dans les années 1970 de ne pas vacciner son fils, sa femme et lui-même craignant les conséquences iatrogènes de l’injection. Il reconnut toutefois en 2015 que c’était, vu avec recul, une erreur. Chaque sujet contaminé étant susceptible de transmettre le virus à 17 ou 18 personnes en moyenne, la vaccination anti-rougeoleuse a en effet un intérêt de santé publique indiscutable : la maladie affecte en effet plus de 30 millions d’individus chaque année dans le monde et occasionne près de 7 800 000 décès évitables - dont plus de la moitié en Afrique -.
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