Plus de huit adolescents sur dix (86 % des collégiens et 84 % des lycéens) ont le sentiment d’être en bonne santé et une proportion similaire (respectivement 82 % et 77 %) affiche une perception positive de sa vie actuelle, selon l’enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS)*, publiée par Santé publique France (SPF), ce 9 avril. Mais les résultats sont en réalité « contrastés » et doivent être nuancés.
Selon l’analyse des données recueillies en 2022 auprès de 9 337 élèves du secondaire, seule la moitié des élèves présentent un bon niveau de bien-être mental (59 % chez les collégiens et 51 % chez les lycéens), correspondant aux critères de l’Organisation mondiale de santé (OMS). Les données montrent également un recul, par rapport à 2018, de la perception positive de la vie actuelle, mais seulement chez les filles (- 10 points au collège et - 11 au lycée). Le sentiment d’avoir une « excellente » santé est également en retrait par rapport à 2018, notamment au collège (- 7 points chez les filles et - 3 points chez les garçons). Et les plaintes récurrentes des collégiens (sur la difficulté à s’endormir, la nervosité, l’irritabilité) sont en hausse entre 2018 et 2022, « chez les garçons (+ 6 points) mais surtout chez les filles (+ 14 points) », lit-on.
Une dégradation observée au cours du secondaire
La santé mentale des ados tend par ailleurs à se dégrader au cours du secondaire. Ils sont 21 % des collégiens à déclarer un sentiment de solitude au cours des 12 derniers mois et 27 % chez les lycéens. Le risque de dépression apparaît « fréquent » : il touche 14 % des collégiens (de 4e et de 3e) et 15 % des lycéens. « Les écarts de prévalence sont là encore très importants entre les filles et les garçons puisque les filles sont trois fois plus concernées que les garçons au collège et deux fois plus au lycée », est-il relevé. Les pensées suicidaires suivent une tendance similaire : + 7 points chez les filles et + 4 points chez les garçons. En 2022, 31 % des lycéennes et 17 % des lycéens ont été concernés.
Ces tendances, amorcées avant la pandémie de Covid-19, mais accentuées pendant celle-ci, sont partagées par la grande majorité des pays participant à l’enquête Health Behaviour in School-aged Children (HBSC). Elles sont par ailleurs confirmées par les données hospitalières, montrant une augmentation des recours aux urgences pour les troubles de l’humeur et des pensées suicidaires. L’enquête sur la santé et les consommations lors de la journée d’appel et de préparation à la défense (ESCAPAD 2022) mettait aussi en évidence l’augmentation des symptomatologies dépressives, des pensées suicidaires et des tentatives de suicide.
« La persistance de la dégradation de la santé mentale des adolescents peut s’expliquer par une augmentation de la fréquence des facteurs de risques » (pandémie, conflits armés, attentats, crise climatique, pression scolaire, risques liés à internet et à l’utilisation des médias sociaux), est-il analysé. Mais, il ne peut être exclu que « les nouvelles générations expriment plus facilement leur souffrance et sont plus ouvertes au dialogue ».
*Enquête menée par l'École des hautes études en santé publique (EHESP) et l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), en partenariat avec l’Éducation nationale.
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