SUITE à la polémique sur les statines lancée par le livre du Pr Even, l’assurance-maladie a souhaité rappeler le bon usage et l’efficacité de ces molécules. « Il ne faut pas donner ces médicaments d’emblée, notamment en prévention, mais privilégier plutôt la mise en œuvre de mesures hygiénodiététiques, rappelle le Pr Hubert Allemand, médecin-conseil à la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAMTS). Cependant, lorsqu’elles sont nécessaires, les statines ont une action reconnue. Elles permettent de diminuer de 10 % la mortalité et de 20 % l’apparition d’événements cardio-vasculaires chez les personnes à risque élevé. » Il rappelle néanmoins leurs effets secondaires. « Elles augmentent le risque de diabète de 10 % et plus les doses de statines sont fortes, plus le risque est élevé. Elles ont également des effets indésirables musculaires. » L’utilisation des statines doit donc respecter les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui précise que le choix de la molécule et de son dosage dépend du niveau de risque du patient, de l’existence d’antécédents vasculaires, du taux initial de LDL-cholestérol et de la baisse recherchée.
Coût journalier élevé.
L’assurance-maladie rappelle aussi que la HAS recommande de préférer « la statine ayant le meilleur rapport coût/efficacité ». Or, actuellement, la rosuvastatine, non génériquée, est largement prescrite en France et représente 30 % des volumes, contre 16,4 % pour la simvastatine, dont les génériques sont pourtant moins coûteux. La France est ainsi en décalage important avec les pays européens, pour qui les prescriptions de rosuvastatine comptent seulement pour 7,8 % des prescriptions en moyenne et celles de simvastatine pour 60,7 % en moyenne. Or, un traitement par rosuvastatine coûte 17,50 euros par mois, contre 10,70 euros pour les génériques de la simvastatine. « La France se situe ainsi en tête des coûts de traitements par statines, avec un coût moyen journalier deux fois plus élevé que la moyenne des pays observés », remarque l’assurance-maladie.
Afin de comparer l’efficacité de ces deux molécules en prévention primaire, en termes de morbimortalité, la CNAMTS a mené une enquête sur 163 801 patients. Sur l’effectif total, 65 % des patients étaient traités par rosuvastatine 5 mg et 35 % par simvastatine 20 mg. Ils ont été suivis sur une durée moyenne de 34,8 mois, avec un maximum de 48 mois. Les résultats montrent qu’il n’existe pas de différence significative d’efficacité sur la morbimortalité entre les deux traitements. L’Assurance-maladie souhaite donc que les génériques de la simvastatine soient privilégiés, afin de faire baisser les dépenses. L’enjeu est de taille, puisque 6,4 millions de patients suivent actuellement un traitement par statines et que les remboursements représentent 1,2 milliard d’euros en 2012. « Si la structure de consommation française et les coûts de traitement étaient comparables à ceux de l’Allemagne, les dépenses de statines seraient réduites de 500 millions d’euros chaque année en France », conclut la CNAMTS.
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