Deux idées fausses méritent d’être combattues. La première est qu’une assiette de soupe avec un petit bout de fromage le soir « suffirait » à partir d’un certain âge. « Les personnes âgées ont quantitativement besoin de plus de protéines que les jeunes ! met en garde le Pr Raynaud Simon. De 1 à 1,2 g/kg/j contre 0,8 g/kg/j. » La seconde est que la perte de poids « serait » une fatalité liée au vieillissement. « Ce n’est pas vrai. Il n’est jamais normal de maigrir quand on vieillit, même de 2 à 3 kg, prévient le Pr Raynaud Simon. Il faut comprendre pourquoi : interroger, examiner le patient et s’il le faut, explorer. Une fibroscopie oeso-gastroduodénale peut par exemple dépister une gastrite ou un ulcère peu symptomatique chez le sujet âgé hormis un manque d’appétit. » Quant aux régimes stricts (sans sel, antidiabétiques…), qui peuvent avoir fait sens à un moment de la vie du patient, il convient de ré-examiner leur utilité, de les assouplir et d’éviter de les introduire chez un sujet âgé en déclin fonctionnel, ou qui commence à maigrir. « Autorisons quelques douceurs, allégeons les régimes sans sel extrêmement anorexigènes. Leur vraie seule indication est l`épisode d’OAP, mais une fois résolu, le régime sans sel strict n’a pas raison d’être », indique le Pr Raynaud Simon. Trois populations de personnes âgées très différentes doivent être distinguées. Les personnes âgées autonomes et robustes tout d’abord : « Pour rester en forme et autonomes, elles doivent manger suffisamment de protéines (entre 1 et 1,2 g/kg/j selon les recommandations actuelles), ne pas perdre de poids, avoir une activité physique et être supplémentées en vitamine D », explique le Pr Raynaud Simon. La deuxième catégorie est représentée par les personnes âgées fragiles qui restent autonomes mais ont souvent déjà perdu un peu de poids. Les mêmes conseils s’appliquent. Du fait de pathologies qui limitent leurs activités et déplacements, elles sont sur le déclin fonctionnel et à risque de chute et de perte d’autonomie. « Pour éviter de décliner, les personnes âgées fragiles doivent bénéficier d’interventions sur la nutrition et l’activité physique (kinésithérapie ou activité physique adaptée). Cette population est très importante à identifier », rappelle le Pr Raynaud Simon. Pour aider au « repérage de la fragilité », la HAS a diffusé en 2013 six questions (dont 4 sur la nutrition et la perte musculaire) : Votre patient a-t-il une marche ralentie (plus de 4 secondes pour parcourir 4 mètres) ? ; Ces 3 derniers mois : a-t-il perdu du poids, se sent-il plus fatigué, a-t-il plus de difficulté à se déplacer ? Vit-il seul ? Se plaint-il de perte de mémoire ?
Enfin les personnes âgées déjà dépendantes et malades, pour lesquelles les possibilités de réversibilité sont moindres. « Les objectifs sont ici différents mais la nutrition, l’activité physique et la vitamine D conservent un rôle important pour préserver leur état fonctionnel et leur qualité de vie » explique le spécialiste.
Les mesures interventionnelles
Sur le plan nutritionnel, on sera très attentif : au poids, à l’alimentation en protéine, à supplémenter systématiquement en vitamine D (800 à 1 000 UI/jour) - qui exerce une action trophique sur l’os et le muscle et limite le risque de fracture et de chute -, à la diversité alimentaire - qui stimule l’appétit et améliore les apports vitaminiques - et à la prise de repas en compagnie - ne pas laisser s’enfermer dans la solitude, suggérer d’aller manger de temps en temps au bistro, en famille ou en maison de retraite… L’alimentation est un tout, et nécessite une prise en charge individualisée !
L’activité physique sera encouragée en fonction des possibilités : marche, escaliers (arrêter l’ascenseur un étage plus bas), vélo d’appartement, club de gymnastique (pas forcément cher : clubs 3e âge, mutuelles…), séances de kinésithérapie…
« À la différence d’autres organes qui vieillissent inéluctablement, le muscle répond à tout âge à la nutrition et à l’activité physique », conclut le Pr Raynaud Simon.
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