LE LUPUS ÉRYTHÉMATEUX DISSÉMINÉ (LED) est caractérisé par la production d’autoanticorps circulants réactifs contre l’ADN, dont un sous-groupe pénètre les cellules et le noyau. De nombreux autoanticorps du lupus sont toxiques pour les cellules. Toutefois, l’un d’entre eux, le 3E10, un anti-ADN qui n’est pas nocif pour les cellules et les tissus, a été isolé sur un modèle murin de LED.
Cet anticorps a déjà prouvé son innocuité dans un essai de phase I de vaccin potentiel pour le LED, approche vaccinale abandonnée après la découverte de la capacité du 3E10 à pénétrer le noyau. Toutefois, il reste exploré en tant que vecteur de délivrance moléculaire.
La sensibilisation aux radiations ionisantes.
L’équipe dirigée par Peter Glazer (New Haven) a découvert, de façon tout à fait inattendue, que l’anticorps seul (3E10) peut lui-même sensibiliser les cellules cancéreuses aux radiations ionisantes, ainsi qu’aux chimiothérapies endommageant l’ADN comme la doxorubicine. La constatation a été faite in vitro et in vivo avec sur des gliomes humains xénogreffés chez des souris nues. L’anticorps 3E10 se fixe préférentiellement sur la queue du simple brin d’ADN et inhibe des étapes clés dans la réparation des cassures d’ADN simple brin et double brin. Cela explique pourquoi, en présence de cet anticorps qui perturbe la réparation de l’ADN, les cellules cancéreuses deviennent plus sensibles aux thérapies endommageant l’ADN comme la radiothérapie ou la doxorubicine.
Une action propre.
De façon plus importante, l’anticorps lui-même (sans radiothérapie ou chimiothérapie) peut tuer sélectivement les cellules cancéreuses qui ont un défaut intrinsèque de réparation d’ADN causé par une mutation perte de fonction de BRCA2.
«?Cela signifie que l’anticorps peut être développé comme une thérapie qui tue uniquement les cellules cancéreuses ayant certains déficits en réparation d’ADN tout en épargnant les cellules normales?», explique au «?Quotidien?» le Dr Glazer.
Cette nouvelle approche de thérapie anti?cancéreuse pourrait s’appliquer tout particulièrement aux cancers avec mutation BRCA2, comme certains cancers du sein, de l’ovaire et de la prostate. Dans un article associé, le Dr James Ford (université de Stanford, CA) ajoute que cet anticorps pourrait avoir également une efficacité dans les cancers héréditaires du sein et de l’ovaire liés à BRCA1, et dans d’autres cancers hébergeant un défaut de réparation d’ADN : les cancers du sein sporadiques «?triple négatif?» (ER-négatif, HER2 non amplifié), certains cancers de la prostate, et ovariens non BRAC1-2.
Des essais cliniques.
L’évaluation clinique du 3E10 contre le cancer ne devrait pas tarder. Toutefois l’anticorps n’ayant pas été humanisé, l’émergence d’Ac humains antisouris pourrait ainsi limiter son développement clinique. «?Nos prochains travaux devront déterminer l’effet du 3E10 sur des cellules cancéreuses ayant divers déficits en réparation d’ADN, de façon à déterminer quelles tumeurs sont le plus sensibles à cet anticorps, pour mettre fin aux études in vivo chez la souris?», a estimé le Dr Glazer.
«?Nous espérons évaluer l’anticorps 3E10 dans un essai clinique contre le cancer dans les deux à trois prochaines années. Les premiers essais vont se concentrer sur la sécurité et l’efficacité de l’anticorps pour traiter des tumeurs du SNC, comme le glioblastome et d’autres ayant des défauts de réparation d’ADN, certains cancers de l’ovaire, du sein et du pancréas.?»
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques