L’ALOPÉCIE androgénétique, qui se traduit par un amincissement et une chute des cheveux progressive, touche à des degrés divers environ 80 % des hommes caucasiens, souvent aux alentours de 40 ans, parfois plus tôt. Elle affecte également 40 % des femmes, mais de façon moins spectaculaire et plus tardive (après la ménopause).
La testostérone joue un rôle, ainsi que des facteurs génétiques et d’autres facteurs encore inconnus.
Dans les zones dégarnies ou chauves, les follicules pileux se miniaturisent et produisent des cheveux microscopiques, avec un raccourcissement de la phase de croissance du follicule ; cependant, le nombre des cellules souches du follicule pileux reste intact, ce qui suggère qu’il existe dans les zones de calvitie soit un inhibiteur, soit un manque d’activateur de la croissance du follicule pileux.
Une équipe dirigée par le Dr George Cotsarelis (University of Pennsylvania School of Medicine, Philadelphia) apporte un nouvel éclaircissement sur la pathogenèse de l’alopécie androgénétique.
Prostaglandine D2 synthase.
Les chercheurs ont d’abord comparé le profil d’expression génique global dans les zones chauves et dans le cuir chevelu chez 5 hommes affectés d’alopécie androgénétique. Ils ont ainsi découvert dans les zones chauves des taux élevés de l’enzyme prostaglandine D2 synthase (PGD2S), au niveau des ARNm et des protéines.
En étudiant un plus grand groupe d’hommes (n = 17), ils ont confirmé que la protéine prostaglandine D2 (PGD2) synthétisée par l’enzyme est également plus élevée (3 fois plus) dans les zones dégarnies que dans les zones chevelues.
Chez des souris ayant un cycle des follicules pileux synchronisé, les chercheurs ont mis en évidence une relation temporelle entre l’expression du gène PGD2 et la régression du follicule pileux.
Ils ont ensuite démontré que la protéine PGD2 et son métabolite 15-dPGJ2 inhibent la croissance du cheveu lorsque l’une de ces protéines est ajoutée au milieu de cultures contenant des follicules pileux humains explantés ou appliquée localement sur la peau des souris.
Cette inhibition est médiée par le récepteur GPR44 (ou DP-2) et non le récepteur PTGDR de la PGD2.
Enfin, ils ont développé un modèle murin d’alopécie androgénétique (souris transgénique K14-ptgs2) qui présente des taux élevés de PGD2 dans la peau et développe une alopécie, une miniaturisation des follicules et une hyperplasie des glandes sébacées, autrement dit toutes les caractéristiques de l’alopécie androgénétique humaine.
Des antagonistes du GPR44.
Cette découverte pourrait conduire directement a de nouveaux traitements pour prévenir la cause la plus courante de chute des cheveux chez les hommes, l’alopécie androgénétique. Une dizaine d’antagonistes du GPR44 sont en développement clinique pour le traitement de l’asthme et des allergies, et ces composés pourraient être développés en forme topique pour le traitement de l’alopécie androgénique de l’homme.
L’alopécie androgénétique de la femme n’est peut-être pas médiée par les androgènes, mais il est possible que les prostaglandines représentent une voie finale commune, et dès lors cette même cible devrait également être bénéfique chez les femmes.
Cette étude montre donc que les prostaglandines sont mal régulées dans l’alopécie androgénétique. De façon spécifique, la PGD2 inhibe la croissance du cheveu et contrebalance donc les effets positifs des prostaglandines PGE2 et PGF2?alpha sur la croissance du cheveu.
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