DANS LA NOUVELLE « Le Cœur révélateur », Edgar Allan Poe imagine un meurtrier qui dissimule sa victime sous le plancher et se croit à l’abri des poursuites. Mais lorsque la police l’interroge, il entend les battements du cœur du mort provenant du sol, preuve de sa culpabilité... L’éditeur de la revue « Science Translational Medicine », qui cite ce texte de Poe, évoque quant à lui le fait qu’une preuve diagnostique puisse être rendue disponible par l’organisme, non pas après le décès, mais plutôt avant même que la pathologie ne se déclare, particulièrement un infarctus. Le journal, qui prône la « translation » des découvertes depuis les laboratoires de recherche jusqu’au lit du malade, a ainsi publié une étude sur un test sanguin destiné à prédire un infarctus myocardique imminent. Ce test détecte les cellules endothéliales circulantes, des cellules matures complètement différenciées détachées des vaisseaux sanguins. Elles sont détectables chez les sujets sains en très faible nombre. Leur taux augmente en cas de lésions vasculaires. Or, lorsque la maladie coronaire est stable, son diagnostic et l’évaluation de son retentissement fonctionnel sont possibles. En revanche, son évolution vers l’infarctus aigu, qui s’explique par la physiopathologie de la plaque athéromateuse, en particulier sa rupture, reste imprévisible.
Il est admis depuis 1999 que des taux élevés de cellules endothéliales circulantes apparaissent dans le sang plusieurs jours ou plusieurs semaines avant la survenue d’un infarctus du myocarde. Elles pourraient donc éventuellement permettre de prédire un risque imminent d’infarctus. Une équipe californienne dirigée par E. Topol a cherché à isoler et à caractériser ces cellules chez des patients et des témoins en utilisant une méthode rapide et applicable en pratique clinique. Ils ont utilisé une plate-forme d’isolement destinée aux cellules rares et l’imagerie en fluorescence des cellules ainsi isolées a été analysée informatiquement.
Un équivalent de biopsie de l’artère coronaire.
Les taux de cellules endothéliales circulantes sont apparus nettement plus élevés en cas d’infarctus que chez les sujets témoins, avec une bonne valeur discriminante démontrée l’aire sous la courbe ROC du test, c’est-à-dire la représentation graphique de sa sensibilité et de sa spécificité. Fait essentiel, les taux de cellules endothéliales circulantes ne sont pas apparus comme corrélés aux marqueurs de nécrose myocardique.
Enfin, dans le contexte de l’infarctus myocardique aigu, ces cellules présentent des anomalies morphologiques, en particulier une grande taille et plusieurs noyaux, en comparaison avec les prélèvements réalisés chez des sujets témoins sains appariés pour l’âge, et avec ceux de patients ayant une maladie vasculaire périphérique.
Ces résultats suggèrent que le taux de cellules endothéliales circulantes pourrait servir de mesure clinique permettant de prédire une rupture de plaque d’athérome. Ce test peut ainsi être appréhendé comme un équivalent de biopsie de l’artère coronaire. Les auteurs envisagent un développement commercial d’ici un ou deux ans, après des tests de validation. Une indication possible serait alors les douleurs thoraciques sans signe d’infarctus myocardique, afin de déterminer s’il existe un risque imminent.
Une version simplifiée et rapide du test est envisagée chez 200 patients afin d’obtenir une confirmation de la validité de ce test.
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