PEU DE VOYAGEURS connaissent Antoine Jérôme Balard (1802-1876), pharmacien et chimiste qu’immortalise une station du métro parisien. S’il découvrit le brome, il fut aussi le père du nitrite d’amyle qu’il synthétisa en 1844. Ce dérivé nitré fut le premier dont on découvrit l’action thérapeutique : en 1867, Sir Thomas L. Brunton (1844-1916), un médecin écossais, montra en effet que les crises d’angine de poitrine étaient calmées par l’inhalation d’une dizaine de gouttes de ce soluté huileux imbibant un mouchoir. Son efficacité - ne lassant de surprendre les cardiologues - expliqua que ce médicament soit vite popularisé, même s’il était à l’origine d’un empourprement intense du visage et, souvent aussi, de syncopes attribuées alors à une puissante activité hypotensive. Un temps utilisé en cardiologie, le nitrite d’amyle fut toutefois abandonné au profit d’un dérivé voisin, découvert à la même époque, et resté bien plus familier… pour suivre quant à lui une carrière toute différente, sous la forme d’une solution commercialisée sous le nom de « poppers » dans les sex-shops. Mais cela est une autre histoire !
Deux ans après la découverte de Balard, en 1846, le chimiste italien Ascanio Sobrero (1812-1888) qui travaillait pour le pharmacien français Théophile-Jules Pelouze (1807-1867), synthétisa un dérivé nitré nouveau, le trinitrate de glycérine - plus connu sous le nom de nitroglycérine - qu’il appela glonoïne. Cette huile incolore, dont il nota d’emblée la saveur piquante, se révéla occasionner de violents maux de tête et être un explosif d’une puissance alors inégalée. L’histoire retint qu’un autre chimiste proche de Pelouze, le suédois Alfred Nobel (1833-1896), dont l’un des frères cadets était décédé dans l’explosion d’une charge de nitroglycérine, mit à profit son ingéniosité pour rendre cet explosif plus aisément manipulable en le mélangeant à de la diatomite. Ainsi naquit la dynamite, qui valut à Nobel la fortune que l’on sait.
La nitroglycérine médicament.
Outre-Atlantique, toutefois, la nitroglycérine intéressa un médecin américain d’origine allemande pour une autre raison. Pionnier de l’homéopathie, Constantin Hering (1800-1880) la testa sur lui-même et nota dès 1849 qu’elle accélérait immédiatement le rythme cardiaque. Il la préconisa pour traiter céphalées et palpitations, une trentaine d’années avant que l’allopathie ne s’y intéresse - cette substance reste connue en homéopathie sous le nom de glonoïnum -.
Ce fut donc trois décennies plus tard qu’un cardiologue anglais, William Murrel (1853-1912), influencé par les observations de Brunton sur le nitrite d’amyle, décrivit dans The Lancet, en 1879, l’action anti-angoreuse de la nitroglycérine, mieux tolérée que le nitrite d’amyle. Il nota que le nitrite, moins puissant, avait une action immédiate et fugace, alors que la nitroglycérine agissait en quelques minutes pour environ une heure.
Connu (trop !) comme explosif, ce médicament fut développé sous un nouveau nom afin de rassurer médecins comme patients et le chimiste William Martindale (1840-1902) pesa de toute sa crédibilité pour convaincre qu’il ne donnait pas lieu à déflagration. Notre « trinitrine » était née !
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