COMPTABILITÉ
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Selon vos observations, les banques sont-elles toujours aussi réceptives aux demandes de financement présentées par les pharmaciens ?
PHILIPPE BECKER.- La crise financière de la fin 2008 a bloqué pendant plusieurs mois les financements aux entreprises. Malgré cela, nous n’avons pas ressenti, à cette époque, un changement d’attitude majeur à l’égard des pharmaciens. Tout au plus avons-nous constaté un allongement des délais de réponses.
Mais, ces derniers temps, le climat a un peu changé car l’augmentation des redressements judiciaires et des plans de sauvegarde concernant les officines a mis la puce à l’oreille au secteur bancaire.
Est-ce que cela change beaucoup l’attitude des banques ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Nos interlocuteurs sont plus tatillons sur des points qui, auparavant, n’étaient pas particulièrement examinés. Pour les reprises de fonds, par exemple, les banquiers vérifient l’adéquation entre le prix de vente et la rentabilité. Les exigences en matière d’apport personnel sont aussi plus élevées. Tout cela fait que certains dossiers sont plus facilement rejetés qu’auparavant. Bref, rien n’est jamais gagné et, par conséquent, les plans de financement doivent être parfaitement étayés.
Justement, comment bâtir un plan de financement prévisionnel dans un contexte aussi incertain ?
PHILIPPE BECKER.- C’est un vrai défi, car il faut se caler au plus juste avec une évolution de l’activité qui est faible mais sans pour autant tomber dans un pessimisme qui se traduirait par le rejet du dossier. C’est pourquoi nous analysons, avec le repreneur, les points forts et les points fables de l’officine à acheter, afin de déterminer une augmentation raisonnable de l’activité. Bien évidemment, nous sommes très loin aujourd’hui des chiffres de progression que nous mentionnions il y a encore cinq ans ! C’est bien là le problème aujourd’hui, et c’est aussi cela qui effraie les banquiers et parfois les acquéreurs potentiels.
CHRISTIAN NOUVEL.- Le fait que le marché de la transaction soit actuellement grippé est à mettre en relation avec cette nouvelle situation.
Pourtant, les conditions bancaires n’ont jamais été aussi intéressantes ! Pensez-vous que cette période de taux bas va perdurer ?
CHRISTIAN NOUVEL.- C’est le paradoxe de ces derniers mois. L’argent n’a en effet jamais été aussi peu cher, et pourtant il est plus difficile de financer les officines. En fait, les taux qui avoisinent 3 % l’an en moyenne sont malgré tout supérieurs à l’évolution de l’activité. Il y a quelques années, les taux étaient effectivement plus élevés, mais à cette même époque, l’augmentation moyenne annuelle des chiffres d’affaires leur était supérieure. Désormais le différentiel est dans le mauvais sens !
Si les taux d’intérêt devaient progresser dans les prochains mois, ce serait catastrophique. Les économistes annoncent cette hausse pour le milieu de l’année 2011. Il convient donc d’être très opportuniste si l’on a un emprunt à solliciter.
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