* À Lille, au Palais des Beaux-Arts, « Expérience Goya », l’histoire, les sources d’inspiration et la postérité artistique de deux chefs-d’œuvre du peintre (1746-1828) appartenant au musée, « les Vieilles » et « les Jeunes ». Achetés par le Baron Taylor pour la collection privée de Louis Philippe, les deux tableaux arrivent au PBA grâce à la détermination et la générosité d’un de ses premiers conservateurs, Édouard Reynart. Ils sont présentés avec 40 tableaux du maître et la série complète des 80 planches gravées des « Caprices » pour éclairer leur lecture. Les Vieilles, excentriques, décharnées, soucieuses de leur apparence, menacées par une créature armée d’un balai, sont peintes après la survenue de la surdité de Goya et sa série des « Caprices », où elles sont déjà en partie présentes. Une face sombre de l’humanité où se mêlent vice, immoralité et vanité. Elles annoncent les peintures noires murales de sa maison, la Quinta del Sordo (Domaine du Sourd). Les Jeunes madrilènes, avec leurs ombrelles, leurs costumes de Maja, paradent devant des lavandières, l’un des petits métiers que Goya aimait représenter (le rémouleur, la porteuse d’eau). Peintes plus tard, elles peuvent être interprétées comme une allégorie sociale. L’exposition propose aussi de découvrir la postérité de Goya, ceux qui s’en sont inspirés, Delacroix, Manet, Ensor, Dali, avec sa relecture des « Caprices », les frères Chapman dans leurs sculptures et même Fellini et Sergio Leone. Le parcours fait une grande place à la vidéo. (Jusqu’au 14 février, pba-lille.fr)
* À Paris, au Petit Palais, « Ilya Répine (1844-1930). Peindre l'âme russe », première rétrospective en France, avec une centaine de tableaux, de l’artiste majeur du XIXe siècle russe. Après des études à l’Académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg (où il sera ultérieurement professeur puis recteur), Répine, fils de serfs en Ukraine, rejoint le groupe des Ambulants mené par Ivan Kramskoï. Leur réalisme s’inspire de la vie du peuple russe. « Les Haleurs de la Volga » (1873) lui apporte une grande notoriété. Il séjourne trois ans à Paris et est séduit par la peinture de plein air des impressionnistes. Commence alors une carrière internationale, aux expositions universelles, de peintre de la nature et de la vie politique et de portraitiste.
Aux portraits de sa famille aux poses très naturelles succèdent ceux de ses amis, Tolstoï, « le comte-moujik », qu’il peindra 70 fois, Tourgueniev, Moussorgski, le collectionneur Tretiakov, qui lui commande de nombreux tableaux (aujourd’hui dans son musée à Moscou). Il célèbre dans des compositions monumentales l’ancienne Russie (Ivan le Terrible et son fils Ivan, le 16 novembre 1581), accepte les commandes du pouvoir (Alexandre III recevant les doyens des cantons, 1886) et suit les mouvements révolutionnaires de 1905 et 1917, la modernisation du pays avec les débuts du chemin de fer et les progrès de la médecine. En 1903, il s’installe définitivement dans sa maison de l’ancien duché de Finlande, où il devient un exilé lors de l’indépendance du pays en 1918. Il est le grand peintre de l’âme russe dans son histoire politique et sociale et dans sa diversité, ayant toujours cherché à renouveler ses sujets et sa technique. (Jusqu’au 22 janvier, petitpalais.paris.fr)
* À Paris, au musée d'Orsay, « Enfin le cinéma ! Arts, images et spectacles en France (1833-1907) ». Le cinéma fut inventé par le XIXe siècle pour Jean-Luc Godard ! C’est le siècle de la France urbaine, industrielle et « moderne » chère aux artistes et celui des premières photos en 1833, de leurs premières animations avec le Cinématographe des frères Lumière en 1895. Dans la mythologie, le baiser du sculpteur Pygmalion à sa statue Galatée lui donne vie. Rodin la fait surgir du marbre et Méliès en fait un montage photographique. Pissarro, Caillebotte, Vallotton et les photographes, Marville, Henri Rivière, saisissent l’agitation des villes, les foules, les métiers ambulants, les bals, avec de nouveaux cadrages. Les corps sont en mouvement avec le sport (« les Lutteurs de Falguière »), la danse serpentine de Loie Fuller et parfois ils sont traqués par les voyeurs.
Les scientifiques ne sont pas en reste, avec le physiologiste et chronophotographe Marey et le neurologue Paul Richer (1849-1933), qui travaille avec Charcot à l’hôpital de la Pitié sur l’hystérie et est aussi sculpteur (« Deux coureurs l’un derrière l’autre »). La nature est présente également, avec le vent, les fumées, les mers déchaînées. Monet, avec ses 20 cathédrales de Rouen, représente le temps qui passe. Dès 1896, le cinématographe s’empare de l’histoire, inspiré par des tableaux comme la Cléopâtre de Cabanel ou la Bible, avec « la Fuite en Égypte » d’Olivier Merson. En 1906, les spectacles ne sont plus ambulants, le cinéma s’installe dans un lieu spécifique et devient un loisir pour tous. (Jusqu’au 16 janvier, musee-orsay.fr)