La hausse des prix est un phénomène mondial. Le recul de la pandémie a favorisé partout le développement économique, ce qui a accru la demande dans des proportions telles que des ruptures de stocks sont constatées sur toutes les matières premières importées. Le gouvernement français est vivement sollicité, soit pour baisser l'impôt sur l'énergie, soit pour compenser la hausse par un chèque adressé au contribuable. Il hésite, sachant que l'envol des étiquettes est probablement un événement conjoncturel qui ne durera pas jusqu'au printemps prochain.
Ce que l'exécutif sait, c'est que les Français ne rigolent pas avec le prix de l'énergie. La dernière fois qu'ils se sont dressés contre ce phénomène, c'était la crise des gilets jaunes qui a failli emporter le gouvernement. Emmanuel Macron doit donc agir pour apaiser la colère des ménages, surtout ceux qui dépendent de la voiture pour travailler ou pour leur activité quotidienne.
On relèvera, à ce propos, un paradoxe : la dernière fois qu'ont augmenté les prix des carburants, le pays a été secoué par la crise des gilets jaunes, alors que le prix des matières importées ne dépend nullement de la volonté des pouvoirs publics. Cette fois-ci, l'accent est mis sur la volatilité des prix décidés par les pays producteurs de pétrole et de gaz. Quant aux gilets jaunes, ils ont cessé leur mouvement quand le gouvernement a distribué une quinzaine de milliards, ils n'ont pas bronché depuis le début de l'été. Tout prolétaire n'est pas censé connaître la géopolitique, mais le paradoxe n'en est que plus surprenant : les prix de l'énergie ne dépendant pas de la volonté du gouvernement, il est absurde de se retourner contre lui, sauf à souhaiter qu'il diminue les taxes, ce qui est bien le thème actuel de la discussion.
L'imposition jusqu'au sadisme
Quoi qu'il en soit, il faudra bien que le Premier ministre apaise la crise en prenant une mesure forte sur la taxation. En France, la pression fiscale est élevée, mais elle s'exerce moins sur les revenus que par le biais des impôts indirects comme la TVA. S'il est vrai que nous sommes les premiers en Europe pour le paiement de l'impôt, il n'est pas vrai que celui-ci passe par le revenu. Pour l'énergie, les gouvernements qui se sont succédé ont rivalisé de sadisme. Ils ont ajouté de l'impôt à l'impôt, au point de taxer les carburants sur leur prix à la vente et pas seulement sur la valeur du litre.
La crise des matières premières représente donc un appel à la sobriété des pouvoirs publics, qui ont cru compenser l'insuffisance de l'impôt sur le revenu par un matraquage sur les carburants. Les gens s'habituent à une situation. Ils pensent que les impôts sont globalement élevés en France, ce en quoi ils ont parfaitement raison, mais ils ne savent pas que les plus riches et les plus pauvres paient le même prix pour l'énergie, alors qu'ils ont des revenus totalement disparates.
Un chèque énergie envoyé aux Français les plus mal lotis aurait pour conséquence une hausse du déficit budgétaire et de la dette, ce qui constitue un autre inconvénient électoral. Tant il est vrai qu'il n'existe pas de solution miraculeuse. Il est probable que le gouvernement adoptera un plan alambiqué et temporaire. Il compte sur une baisse prochaine du prix de l'énergie, avant le printemps prochain, qui est aussi celui de l'élection présidentielle.